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Page:Say - Chailley - Nouveau dictionnaire d’économie politique, tome 2.djvu/385

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MUTUALITE

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MUTUALITE

die, retraite, décès...) ou, en d’autres termes, de ne jamais suppléer au déficit des uns par les excédents des autres.

Ce n’est d’ailleurs pas du premier coup que les Friendly -Societies se sont imposé une invariable observation de ces règles, conditions essentielles et fondamentales de toute mutualité efficace. L’expérience d’un siècle a montré qu’un grand nombre se sont vues dans l’impossibilité de tenir leurs engagements pour avoir négligé l’application des principes de la science et c’est par milliers que l’on compte les sociétés qui ont dû se dissoudre, déjouant ainsi l’espoir de malheureux trop âgés pour chercher ailleurs d’autres ressources.

Les Traders Unions sont des sociétés mutuelles corporatives organisées pour la défense des intérêts du travailleur. La plupart sont, en outre, de véritables sociétés de secours mutuels et remplissent tous les objets de la Friendly -Society, mais à titre secondaire, leur but principal étant la protection de l’intérêt corporatif.

Les Trade’s Unions sont tantôt des sociétés locales et tantôt de grandes fédérations aux ordres affiliés, ré unissant, comme les Friendly-Societies, en de grandes assemblées annuelles de nombreux délégués, et se ramifiant dans les colonies et à l’étranger.

Organisées pour la lutte, les Traders Unions offrent certains caractères spéciaux dont deux sont remarquables et absolument contraires aux principes des Friendly Societies : ce sont la subordination des différentes caisses à une caisse principale, et l’égalisation des fonds entre les Trafic’ s Unions dites amalgamées (amalgamated),

La Traders Union ne pratique pas une spécialisation permanente et absolue de ses divers fonds. Au jour de la lutte, toutes les réserves sont mises au service du chômage concerté.

Le second caractère n’est pas moins remarquable : il est de principe dans les Traders Unions amalgamées que chaque loge ou chacun des corps dont se compose la fédération ait une réserve à peu près égale relativement au nombre des sociétaires. Il en résulte des transferts périodiques de fonds des loges qui sont proportionnellement le plus riches, à celles qui sont moins bien pourvues ; la société est ainsi toujours et sur tous les points en état de défense. On peut considérer avec M. Ghaufton la Traders Union comme l’idéal de la mutualité ouvrière en ce qu’elle prend l’ouvrier tout entier et le protège en tous ses besoins. « Elle l’assure contre la maladie, contre les infirmités, elle lui assure une pension de retraite, des funérailles décentes ; elle assure des secours à sa veuve et à ses enfants ; enfin, et surtout, elle lui assure des ressources en cas de chômage, que ce chômage provienne de grève ou de manque de travail (dans les anciennes Trade’s Unions ces deux cas ne sont même pas distingués) ; et non seulement elle lui assure des ressources en ce cas, mais encore, chose remarquable, elle maintient ses droits aux différents secours que nous venons d’énumérer quoiqu’il ne puisse verser de cotisation, » L’assurance de secours en cas de chômage par suite de manque de travail est doublée d’une organisation ayant pour but d’indiquer aux ouvriers sans travail les places disponibles offertes sur d’autres points et de leur fournir des secours de route. Les secours de chômage ne sont accordés qu’à ceux pour lesquels on n’a pu trouver d’autre ressource. M. Brentano a fait remarquer que le tableau des sommes versées ainsi à titre de secours, de donation, suivant le terme consacré, reflète, par les oscillations qu’il offre d’une année à l’autre, les différents états du marché, la prospérité ou le marasme des affaires.

Quant au chômage volontaire et collectif, il est à remarquer que la confusion des divers fonds, c’est-à-dire la solidarisation de tous les intérêts des ouvriers les rend circonspects quand il s’agit d’entamer la lutte contre les patrons. « Avec des caisses séparées, dit en excellents termes M. Brentano, on amasse une somme qui, ne pouvant servir qu’à la guerre, est, dès qu’elle est suffisante, employée à faire la guerre ; avec la caisse unique, le trésor de guerre devient applicable aux œuvres de paix. » Ajoutons d’ailleurs que l’infériorité qui peut résulter d’une caisse unique au point de vue de l’efficacité des diverses assurances est compensée par le droit d’appeler des cotisations supplémentaires, droit expressément prévu par la loi et inscrit dans les statuts de ces sociétés.

Les sociétés de secours mutuels anglaises exercent sur leurs membres une contrainte indirecte fort lourde en ce que le sociétaire qui, pour une raison quelconque, quitte la société, perd ses droits à toute espèce de secours. C’est là un côté incontestablement défectueux de ces mutualités. Remarquons toutefois que c’est dans l’union qu’elles puisent leur force et que l’union suppose toujours une certaine dépendance. . Italie.

Les progrès de la mutualité en Italie ne datent que delà seconde moitié du siècle et ils sont enGûJÉt^ien insuffisants. Quelques