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PALISSY

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lait ensuite les conséquences fâcheuses de l’absence de tout ordre dans la production et la répartition des richesses, et la nécessité de substituer l’unité d’intérêt à la concurrence. Il exposait enfin que l’abondance des produits privait de travail la classe ouvrière et la laissait malheureuse au sein de l’abondance, et qu’il était de toute urgence de remédier à ces maux en organisant les choses de manière à aider le travail manuel par le travail mécanique, au lieu de sacrifier le premier au dernier.

Ces théories n’obtinrent qu’un médiocre succès. Malgré sa séduction personnelle, malgré une renommée universelle, l’appui des plus hauts et des plus puissants personnages ; en dépit d’un travail de trente années, d’une énergie indomptable, d’un apostolat poussé jusqu’au fanatisme, d’écrits et de conférences sans nombre et du sacrifice même de presque toute sa fortune engloutie dans des essais nouveaux J , rien ne réussit plus à Owen ; ses amis et ses associés eux-mêmes en vinrent à douter de lui et l’abandonnèrent. Après avoir partagé ce qui lui restait de biens entre ses enfants, il s’éteignit dans la lassitude et le découragement. E. deL.

Bibliographie.

New views of Society, or essays upon the formation of human character {Londres, 1812). Premier écrit d'Owt>n affectant une forme scientifique. — Address to the sovereigns of the holy alliance united in congress at Aix-la-Chapelle 1818. Address to ths Governments, 1819. Ces deux adresses ont pour objet d’indiquer les moyens d’améliorer le sort des classes industrielles. Elles ont été traduites par de Lasteyrie, 1818, et reproduites dans l’ouvrage de Louis Reybaud : Études sur les Réformateurs, 1864. — Proceedings of the committee of the rational School {Travaux du comité de l’École rationelle), 1823, Londres. — Outline of the rational System (Plan du système rationnel). — Rapide résumé de la théorie ; on l’a appelé : Charte oweniste. — Lectures on new statê of Society (Lectures sur un nouvel état de la société), reproduction de six conférences, 1821. Londres. Consulter : Joseph Rey, Lettres sur le système de coopérationd’après le plan d’Owen, Paris j 1828. —Louis Rrydauu, Études sur les jRé formateurs, 2 vol. ia-12. Paris, 1864. PACTE COLONIAL. — V. Système colonial. PAIN (Taxe du). — V. Commerces de l’alimentation.

PALISSY (Bernard), né vers 1500 à La Capelle-Biron (Lot-et-Garonne), mort à Paris, à la Bastille en 1590.

Le célèbre artiste, dont nous n’entreprendrons pas la biographie, a émis certaines idées qui le rattachent directement à l’économie politique, dans un fort curieux ouvrage intitulé : liecepte véritable pour apprendre aux hommes à -multiplier leurs trésors (1633) et qui, écrit sous forme de dialogues, nous montre en Palissy un penseur profond.

Palissy s’attache surtout à célébrer l’utilité de l’agriculture, à affirmer et à prouver qu’il existe véritablement une science agricole, que la terre demande à être cultivée avec « philosophie », c’est-à-dire en observant les lois delanatare.il s’indigne contre les agriculteurs qui n’essaient pas d’entrer dans la voie des perfectionnements et qui vont toujours « le trot accoutumé, en suivant la trace de leurs prédécesseurs ».

S’occupant des engrais au point de vue scientifique, il montre très clairement — ce . Ceux de Motherweî, en Irlande, 1819 ;, de New-Harmony, eu Amérique, 1822 ; et d’ûrbiston en Ecosse, 182ô. qui pour l’époque était une grande nouveauté — qu’ils servent à rendre à la terre les matières qui lui ont été ôtées par la culture.

Une des parties les plus remarquables de l’œuvre et qui mérite vraiment d’être citée ici, est celle dans laquelle le célèbre potier s’attache à démontrer que si on avait le moyen de faire de l’or, ce serait pour le pays un grand malheur, et que, la seule richesse ne consiste pas dans ce métal. Ses idées sur ce point méritent d’autant plus d’être signalées, que les idées contraires étaient admises par tous à cette époque où l’ouverture des mines du Mexique et du Pérou produisait un véritable bouleversement économique. « Je dis, écrit Palissy à propos de l’alchimie, qu’il vaudrait mieux une peste, une guerre et une famine en France, que non pas dix hommes qui sçussent faire l’or en si grande abondance que tu dis. Car après que l’on serait asseuré que la chose se pourrait faire, tout le monde mespriserait le cultivement de la terre et s’estudierait à chercher de faire de l’or. » Et il cite à l’appui de son dire l’anecdote d’un roi qui emploie tous ses sujets à tirer l’or d’une mine. La reine imagina de ne lui faire servir à ses repas que « des mets d’or pur ». « Il commença à sa fascher ; quoy voyant la reine le supplia de