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PAPIER-MONNAIE — 426 — PAPIER-MONNAIE considérer que For n’estait pas nourriture et qu’il valait mieux employer ses sujets à cultiver la terre que non pas à chercher les mines d’or. » Palissy conclut en démontrant clairement que si l’or devenait trop abondant il serait sans valeur aucune, et « qu’il viendrait à tel mépris que nul n’en voudrait bailler pain ni vin pour eschange ». Ed. Vmal-Naquet* PAPIER-MONNAIE. SOMMAIRE I. DÉFINITION. H. PAPIER-MONNAIE D’ORIGINE. . Papier colonial. . Bons de caisse coloniaux. . Monnaie obsidionale. III. TITRES OU BILLETS UTILISÉS COMME PAPIER-MONNAIE. . Assignats. . Billets de banque à cours forcé. — Banque de Law, banque d’Angleterre, banque de France. Bibliographie. I. DÉFINITION. L’expression de papier-monnaie vient de l’anglais paper money, qui signifie monnaie de papier, mais, enpassantdans notre langue, elle a subi un changement dont il est important de tenir compte. En effet, il ne faut pas confondre papier-monnaie et monnaie de papier. Ce sont deux choses très différentes et lorsque les Anglais emploient le terme de paper money, ils entendent désigner sous cette appellation toute espèce de papier faisant office de monnaie : billets de banque ou chèques. Il semble préférable de distinguer, comme l’a fait J.-B. Say, le papiermonnaie de la monnaie de papier. On peut réserver le nom de papier-monnaie au billet ayant cours forcé, c’est-à-dire non convertissable en monnaie métallique à la volonté du porteur et le nom de monnaie de papier aux billets de banque qui jouissent du cours légal. La plus grande partie des papiers-monnaie ont, lors de leur création, porté la promesse qu’ils seraient remboursables à vue : à ce moment, ils n’étaient pas encore du papier monnaie, ils le sont devenus du jour où cette promesse a été supprimée. Jusque-là ils sont demeurés billets de confiance et monnaie de papier. Le papier-monnaie est donc de deux sortes. Tantôt il possède son véritable caractère dès rémission, tantôt il ne le revêt que plus tard par suite d’une circonstance imprévue. Il y a 4onc le papier-monnaie d’origine et les titres ou billets transformés en papier-monnaie. Chacune de ces deux catégories a eu dans l’histoire des représentants. Pour la première on peut citer : les billets de monnaie et les bons de caisses des colonies et la monnaie obsidionale ; pour la seconde : les assignats et le billet de banque à cours forcé. ^ Nous allons examiner successivement plusieurs des cas dans lesquels on y a eu recours, tt. PAPIER-MoNNAIÊ ^’ORIGINE. . Fatfier colonial. Ce papier-monnaie fut créé le 26 mai 1730, par une ordonnance de AL de La Bourdon^ naye, gouverneur général, pour le compte de la Compagnie des Indes, des îles de France et de Bourbon. Il comprenait des billets de 5 sols jusqu’à 1000 livres. La cause qui lui avait donné naissance n’était autre que l’absence de numéraire. En effet, M. de la Bour* donnaye, qui avait conçu de grands projets d’amélioration pour les îles qu’il gouvernait, y avait entrepris des travaux considérables. ^Les entrepreneurs et ouvriers avaient tout d’abord été payés en piastres, que la Compagnie des Indes alors souveraine de ces colonies y faisait passer. Les envois de numéraire ayant cessé tout à coup, il fallut y suppléer par la création d’une monnaie fictive. On fit donc pour 3000 livres de billets de boutique, qui furent retirés et brûlés l’année suivante. Mais cet expédient avait été jugé fort commode et ce fut cette commodité même qui en ruina l’usage. En effet, les années suivantes, on recommença les émissions et cette fois sans mesure raisonnable. Au lieu de 5000 livres la circulation fut portée à 70 000 livres et la Compagnie des Indes arrêta que les billets ne pourraient plus être convertis en lettres de change que par ses ordres et qu’ils ne pourraient en aucun cas devenir des titres obligatoires contre elle ailleurs qu’à l’île de France. Malgré cela, les émissions continuèrent en 1741 et dans les années postérieures jusqu’en 1761, époque à laquelle la compagnie défendit toute création nouvelle de billets. D’ailleurs, les lettres de change tirées pour leur acquittement cessaient d’être régulièrement payées dès 1758, et en 1761 on était obligé de les liquider en lettres de change payables à trois, neuf ou douze ans de vue. Cette opération devait amener une baisse considérable dans la valeur des billets et les discréditer sur le marché ; en effet, la piastre qui valait alors 3 livres 12 sols se payait en billets jusqu’à 4 livres 10 sols. Lorsqu’en 1764 le roi reprit possession de l’île Bourbon, il voulut remédiera cet état de.