Page:Say - De l’Angleterre et des Anglais.djvu/16

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mens, mais pour ceux de ses alliers ; non-seulement le salaire de ses soldats, mais celui de beaucoup d’autres soldats. Ses forces militaires et navales sont éparpillées sur tout le globe.

Un approvisionnement, un magasin en Asie ou en Amérique, coûtent le double de ce qu’ils coûteraient en Europe ; chaque soldat qu’on y envoie, cause une dépense égale à deux soldats, et c’est un grand avantage que les États-Unis conserveront toujours dans leurs démêlés futurs avec la Grande-Bretagne.

Je ne parle pas des abus dans les dépenses qui sont scandaleux : des abus anciens, et qui se sont glissés par degrés, des abus nouveaux introduits de propos délibéré, des abus que relève l’opposition, parce qu’il n’y a que les amis des Ministres qui en profitent ; de ceux qu’elle ne relève pas, parce que la vanité nationale les protège[1] ; mais du tout ensemble,

  1. Je ne sais pas jusqu’à quel point la justice politique commande de donner l’argent d’une nation à un citoyen qui n’a jamais rien fait pour elle, et qui ne se rend particulièrement recommandable par aucun talent ni aucune vertu, uniquement parce que le sort l’a rendu frère d’un amiral qui a perdu la vie dans un combat de mer. Voici ce que la famille Nelson coûte à la nation anglaise chaque année à perpétuité.

    Au comte Nelson, frère de l’amiral, outre une pairie ; une pension de 5000 liv. st. 120,000 fr.
    Pour l’achat d’un bien d’une somme une fois payée de 100,000 liv. st. (2 millions 400 mille francs) dont l’intérêt annuel coûte à l’État 120,000
    À la vicomtesse Nelson sa veuve 2,000 liv. st. 48,000
    À mesdames Suzanna Bolton, et Catherine Matcham ses sœurs 48,000

    Total en argent de France 336,000 fr.


    Dernièrement (20 février 1815) le Parlement s’est en vain récrié sur un article de 4000 liv. st. ans les dépenses (96 mille francs) donnés au duc d’York pour l’indemniser d’avoir le roi de Prusse. Ce dîner en effet coûte un peu cher à la nation anglaise.

    Le trésor public paye encore au duc de Marlborough qui n’est point descendu du grand Marlborough, mais qui a pris son nom, parce qu’il a épousé une descendante, 120 mille francs de France annuellement outre la magnifique terre de Blenheim dont il a hérité.

    Voyez Colquhoun : On the Wealth of the British Empire, pag. 244.