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Page:Say - De l’Angleterre et des Anglais.djvu/37

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on en voit même dans les campagnes, et les travaux industriels ne peuvent plus se soutenir avec avantage qu’au moyen de leur puissant concours. Mais il leur faut en abondance de la houille, de ce combustible fossile que la nature semble avoir mis en réserve pour suppléer à l’épuisement des forêts, résultat inévitable de la civilisation. Aussi pourrait-on, à l’aide d’une simple carte minéralogique, tracer une carte industrielle de la Grande-Bretagne. Il y a de l’industrie partout où il y a du charbon de terre.

Mais on a beau abréger les moyens de produire, l’impôt, le terrible impôt, qui agit sur la production annuelle précisément de la même manière que tous les autres frais, semblable au cauchemar des rêves qui gagne du terrain malgré les efforts qu’on fait pour lui échapper, atteint, outrepasse les économies des producteurs industrieux ; et loin que la nation jouisse de son admirable industrie et de l’activité soutenue de ses travailleurs, on lui fait payer cher ce qu’elle produit[1] à

  1. Ce mot produire s’entend ici comme dans toutes les questions d’économie politique, de toute espèce d’action qui concourt, m£me partiellement, à la complète confection d’un produit. Quand il s’agit d’une mousseline des Indes, par exemple, le cultivateur qui a recueilli le coton, le fabricant qui l’a filé et tissé, le négociant qui a fait venir la mousseline, et même le marchand qui la détaille, en sont les producteurs. L’industrie du négociant, quoique étant en Angleterre plus favorisée, moins chargée que les autres, l’est néanmoins beaucoup encore. Plusieurs nations de l’Europe peuvent transporter des marchandises, soit par mer, soit par terre, à meilleur marché que les Anglais.