Page:Say - Lettres à M. Malthus sur l’économie politique et la stagnation du commerce.djvu/85

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Je remarque d’abord, que la plupart des accumulations sont nécessairement lentes. Tout le monde, quelque revenu qu’on ait, doit vivre avant que d’amasser ; et ce que j’appelle ici la vie, est, en général, d’autant plus dispendieux qu’on est plus riche. Dans la plupart des cas et des professions, l’entretien d’une famille et son établissement emportent la totalité des revenus et bien souvent des capitaux ; et quand il y a des épargnes annuellement faites, elles sont presque toujours dans une faible proportion avec les capitaux actuellement employés. Un entrepreneur qui a cent mille francs et une industrie, gagne, dans les cas ordinaires, et en terme moyen, douze à quinze mille francs. Or, avec un tel capital et une industrie qui vaut autant, c’est-à-dire une fortune de deux cents mille francs, il est économe s’il n’en dépense que dix mille ; il n’épargne donc annuellement que cinq mille francs, ou la vingtième partie de son capital.