Page:Say - Mélanges et correspondance d’économie politique.djvu/105

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présentait ; et je lui rends la justice de croire qu’il l’aimait et voulait le bien de bonne foi. L’éloge ampoulé que Necker en a fait, m’a montré qu’il n’a pas compris tout ce que valait Colbert. N’est-ce pas un très-grand mérite que d’avoir détesté Louvois, et d’avoir fait du bien à son pays sous un Louis XIV ?

D’ici je vous vois faire un écart immense : Du bien à son pays ! — Oui ; la France a prospéré malgré les guerres, les bâtimens, les fêtes de cour et les maîtresses de Louis le Fastueux, jusqu’à la mort de Colbert ; et elle a constamment décliné depuis.

Vous dites que jamais on n’a pu faire payer que par surprise l’impôt aux manufacturiers, aux négocians. Dites-moi donc, mon ami, comment on a pu faire, tout le temps que j’ai eu une filature de coton, pour me faire payer un impôt sans cesse croissant. Ce ne sont pas les cultivateurs de Fernambouc qui me l’ont remboursé ; ce ne sont pas les propriétaires fonciers de la France, qui portaient fort peu de nos cotonnades ; et, quant aux consommateurs, c’étaient principalement des ouvriers dans les villes, qui portaient beaucoup de rouenneries. Je mettais de la valeur dans un duvet d’Amérique ; et ils achetaient ma valeur avec celle qu’ils arment mise dans des soies de Chine ou