Page:Say - Mélanges et correspondance d’économie politique.djvu/36

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et contribué par conséquent à les répandre. Il est peu de livres sur les sciences qu’on lise avec plus de plaisir, parce qu’il en est peu dans lesquels on trouve plus de clarté, plus de simplicité, et en même temps plus d’élégance. Une étude approfondie des bons écrivains du dix-septième siècle et des philosophes du dix-huitième, l’avait rendu très-difficile sur le style et sur la méthode. Aussi les pages les plus simples et les plus faciles lui ont souvent coûté d’incroyables efforts. Une phrase obscure ne lui paraissait propre qu’à couvrir une pensée fausse.

Ayant conservé jusqu’à la fin de sa vie une sincère admiration pour nos bons écrivains du dix-septième et du dix-huitième siècle, il avait très-peu d’estime pour ce qu’on est convenu d’appeler la philosophie allemande, qu’on enseignait et qu’on enseigne encore dans quelques-unes de nos grandes écoles. « Je suis furieux contre quelques docteurs prétentieux et vains, écrivait-il à Étienne Dumont en 1829, qui nous représentent comme des espèces de coquins, et qui ont l’air de nous faire grâce en nous appelant des sensualistes, après avoir eu soin de bien faire comprendre qu’ils entendent par la matérialistes[1] ; singuliers scélérats, en vérité,

  1. Voyez le Cours de l’Histoire de la Philosophie, par M.Victor Cousin ; l’Essai sur l’Histoire de la Philosophie en France au dix-neuvième siècle, par M. Damiron ; et le Traité de Droit pénal, de M. Rossi, professeur de droit romain à l’Académie de Genève.