Page:Say - Mélanges et correspondance d’économie politique.djvu/424

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Non-seulement le travail est un trésor, mais ce trésor est un fonds. Cent cinquante ans après, on ne se serait pas exprimé avec plus de justesse ; il vaudrait mieux que ce ne fût pas par hasard.

Goldsmith a fait un morceau de poésie intitulé : le Village abandonné ; morceau célèbre par la sensibilité exquise et la teinte de mélancolie qui s’y trouvent répandues. En voici un passage fidèlement traduit. Ce que je dis porte sur la pensée ; ce ne sont point des chicanes de mots :


« Malheur au pays où les richesses s’accumulent et où la population décline ! Il est assez indiffèrent que les princes, que les grands fleurissent ou disparaissent : un souffle les a faits et peut en faire d’autres. Mais une race vigoureuse de paysans, l’orgueil des campagnes, une fois détruite, ne renaît plus. »


Ainsi parle le poète anglais.


Rien n’est beau que le vrai. Or, il n’est pas vrai que la population décline là ou les richesses s’accumulent. Si le grand seigneur dont parle Goldsmith avait accumulé des richesses, il aurait enrichi le pays au lieu de l’appauvrir ; il en aurait accru la population au lieu de la