Entre tous les êtres, l’homme seul paraît être susceptible de posséder cette belle faculté.
Le but de la Morale est de procurer aux hommes tout le bonheur compatible avec leur nature. En effet, les devoirs qu’elle nous prescrit ne peuvent être que de deux espèces (A) : ceux dont l’accomplissement a pour objet notre propre conservation et notre plus grand bien ; l’avantage en est immédiat et direct (B) : et ceux dont l’accomplissement fait le bonheur des autres hommes. Or ces derniers sont réciproques. Qu’on les suppose fidèlement remplis : chaque personne jouira des vertus de toutes les autres. C’est le cas d’un contrat mutuellement avantageux. Ainsi une nation qui connaîtrait et suivrait généralement les règles de la morale, ferait, dans toute la rigueur du terme, ce qu’on appelle un bon marché. Elle serait la plus heureuse des nations.
Le soin de fixer et de disposer ces règles, regarde le Moraliste. Ici, je suis forcé de supposer qu’elles sont connues, que l’on