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quels le thé a poussé, a subi plusieurs préparations, et enfin a été mis à portée de celui qui en fait usage.

Chaque fois qu'on prends une tasse de thé, se trouve détruite en un instant, cette valeur qui, à dater du moment où le thé a été planté jusqu'à celui où il a été consommé, a mis deux années et plus à croître par les soins de plusieurs centaines de personnes.

La valeur naturelle d'une denrée, exprimée en monnaie, se nomme son prix naturel[1].

Il faut soigneusement distinguer cette valeur naturelle d'un produit, de sa valeur échangeable. Sa valeur échangeable est la quantité de tout autre produit qu'on peut trouver à recevoir en échange ; ou (si l'on aime mieux n'avoir en vue qu'une sorte de produit) de la quantité de monnaie qu'on peut trouver à recevoir en échange, et qu'on appelle son prix courant.

Quand on parle du prix d'une chose, sans autre désignation, on entend par-là son prix courant et non son prix naturel.

  1. Smith, Richesses des nations, Liv. I, ch. 7.