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LIVRE PREMIER. — CHAPITRE XVI.

fût porté en robes de toile peinte ; ce sont autant de façons productives données à ce produit ; et plus ces façons auront été rapides, plus cette production se sera faite avec avantage ; mais si, dans une même ville, on achetait et vendait plusieurs fois, une année durant, la même marchandise, sans lui donner une nouvelle façon, cette circulation serait funeste au lieu d’être avantageuse, et augmenterait les frais au lieu de les épargner. On ne peut acheter et revendre sans y employer un capital ; et l’on ne peut employer un capital sans qu’il en coûte un intérêt, indépendamment du déchet que peut subir la marchandise.

C’est ainsi que l’agiotage sur les marchandises cause nécessairement une perte, soit à l’agioteur, si l’agiotage ne fait pas renchérir la denrée, soit au consommateur, s’il la fait renchérir[1].

La circulation est aussi active qu’elle peut l’être utilement, quand une marchandise, du moment qu’elle est en état de subir une nouvelle façon, passe aux mains d’un nouvel agent de production, et que, du moment qu’elle a subi toutes ses façons, elle passe aux mains de celui qui doit la consommer. Toute agitation, tout mouvement qui ne marche pas vers ce but, loin d’être un accroissement d’activité dans la circulation, est un retard dans la marche du produit, un obstacle à la circulation, une circonstance à éviter.

Quant à la rapidité qu’une industrie plus parfaite peut introduire dans la confection des produits, c’est une augmentation de rapidité, non dans la circulation, mais dans les opérations productives. L’avantage qui en résulte est, au reste, du même genre : c’est un emploi moins prolongé des capitaux.

Je n’ai fait nulle différence entre la circulation des marchandises et celle de la monnaie, parce qu’en effet il n’y en a aucune. Quand une somme d’argent séjourne dans les coffres d’un négociant, c’est une portion de son capital qui reste oisive, de même que la portion de son capital qui est dans son magasin sous la forme de marchandises en état d’être vendues.

  1. Le commerce de spéculation est quelquefois utile, en retirant de la circulation une marchandise, lorsque son prix trop bas décourage le producteur, pour la remettre dans la circulation, lorsque sa rareté en élèverait trop le prix aux dépens du consommateur.