Page:Say - Traité d’économie politique.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
DISCOURS

En Espagne, Alvarez Osorio et Martinez De Mata ont fait des discours économiques dont la publication est due au patriotisme éclairé de Campomanes. Moncada, Navarrete, Ustariz, Ward, Ulloa, ont écrit sur le même sujet. Ces estimables écrivains, comme ceux d’Italie, ont eu des pensées solides, ont constaté des faits importans, ont fourni des calculs élaborés ; mais, faute de pouvoir s’appuyer sur les principes fondamentaux de la science qui n’étaient pas connus encore, ils se sont mépris souvent sur le but et sur les moyens, et, à travers beaucoup d’inutilités, n’ont répandu qu’une lumière incertaine et trompeuse[1].

En France, on ne considéra d’abord l’économie politique que sous le rapport des finances publiques. Sully dit bien que l’agriculture et le commerce sont les deux mamelles de l’état, mais vaguement et par un sentiment confus. On peut faire la même observation sur Vauban, esprit juste et droit, philosophe à l’armée, et militaire ami de la paix, qui, profondément affligé des maux où la vaine grandeur de Louis XIV avait plongé la France, proposa des moyens de soulager les peuples par une répartition plus équitable des charges publiques.

Sous l’influence du régent, toutes les idées se brouillèrent ; les billets de la banque, où l’on croyait voir une source inépuisable de richesses, ne furent qu’un moyen de dévorer des capitaux, de dépenser ce qu’on ne possédait pas, de faire banqueroute de ce qu’on devait. La modération et l’économie furent

  1. Dans l’impossibilité où je suis de juger par moi-même du mérite de ceux de ces écrivains qui n’ont pas été traduis, j’ai dû m’en rapporter à ce qu’en dit l’un des traducteurs de mon Traité en espagnol, don Jose Queypo, dont je n’ai fait que copier les expressions.