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DE LA DISTRIBUTION DES RICHESSES.

population considérable ; et les seuls pays civilisés peuvent être fort populeux. Enfin, des armées nombreuses, et des munitions de guerre et de bouche proportionnées entraînent, des dépenses énormes auxquelles une industrie active et des accumulations multipliées, qui ne se rencontrent que chez des peuples très-avancés, suffisent à peine.

Un dernier progrès reste à faire, et il sera dû à la connaissance plus généralement répandue des principes de l’économie politique. On reconnaîtra que lorsqu’on livre des combats pour conserver une colonie ou un monopole, on court après un avantage qu’on paie toujours trop cher ; on s’apercevra qu’on n’achète jamais les produits du dehors, fût-ce dans des colonies sujettes, qu’avec des produits de l’intérieur ; que c’est par conséquent à la production de l’intérieur qu’il faut s’attacher par-dessus tout ; et que cette production n’est jamais si favorisée que par la paix la plus générale, les lois les plus douces, les communications les plus faciles. Le sort des nations dépendra désormais, non d’une prépondérance incertaine et toujours précaire, mais de leurs lumières. Les gouvernemens, ne pouvant se maintenir qu’à l’aide des producteurs, tomberont toujours plus dans leur dépendance ; toute nation qui saura se rendre maîtresse de ses subsides, sera toujours sûre d’être bien gouvernée ; et toute autorité qui méconnaîtra l’état du siècle, se perdra ; car c’est contre la nature des choses qu’elle entreprendra de lutter.

CHAPITRE VIII.

Du Revenu des Capitaux.

L’impossibilité d’obtenir aucun produit sans le concours d’un capital, met les consommateurs dans l’obligation de payer, pour chaque produit, un prix suffisant pour que l’entrepreneur qui se charge de sa production, puisse acheter le service de cet instrument nécessaire. Ainsi, soit que le propriétaire d’un capital l’emploie lui-même dans une entreprise, soit qu’étant entrepreneur, mais que n’ayant pas assez de fonds pour faire aller son affaire, il en emprunte, la valeur de ses produits ne l’indemnise de ses frais de production, qu’autant que cette valeur, indépendamment d’un profit qui le dédommage de ses peines, lui en procure un autre qui soit la compensation du service rendu par son capital.

C’est la rétribution obtenue pour ce service, qui est désignée ici par l’expression de revenu des capitaux.