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DISCOURS

dier ce qu’on avait écrit avant moi, et l’oublier ensuite : l’étudier pour profiter des observations de beaucoup d’hommes capables qui m’ont précédé ; l’oublier pour n’être égaré par aucun système, et pouvoir toujours librement consulter la nature et la marche des choses, telles que la société nous les présente. Élevé dans le commerce, et pour le commerce, mais appelé par les événemens, à m’occuper des affaires publiques, j’y ai porté quelque expérience que n’ont pas toujours les administrateurs et les gens de lettres. On peut donc regarder ce livre comme le fruit de la pratique aussi bien que de l’étude. En l’écrivant, je n’ai eu aucune vue d’intérêt personnel ; je n’avais aucun système à soutenir, aucune thèse à prouver ; mon but était simplement d’exposer comment les richesses se forment, se répandent et se détruisent : de quelle manière pouvais-je acquérir la connaissance de ces faits ? En les observant. C’est le résultat de ces observations que je donne. Tout le monde peut les refaire.

Quant aux conclusions générales que j’en tire, tout le monde en est juge.

Ce qu’on était en droit d’attendre des lumières du siècle et de cette méthode qui a tant contribué aux progrès des autres sciences, c’est que je remontasse constamment à la nature des choses, et que je ne posasse jamais aucun principe métaphysique qui ne fût immédiatement applicable dans la pratique ; de manière que, toujours comparé avec des faits connus, on pût facilement trouver sa confirmation dans ce qui découvre en même temps son utilité.

Ce n’est pas tout : il fallait exposer et prouver brièvement et clairement les solides principes posés avant moi, établir ceux qui n’avaient pas encore été posés, et lier le tout de manière qu’on pût s’assurer qu’il ne s’y trouve plus de lacune importante, plus de principe fondamental à découvrir. Il fallait net-