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Page:Say - Traité d’économie politique.djvu/403

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LIVRE SECOND. — CHAPITRE VIII.

Sur ce point, l’analyse de la plupart des écrivains anglais est singulièrement incomplète.

Dans la partie de ce Traité où il est question des produits immatériels, nous avons vu que l’on peut consommer immédiatement l’utilité ou l’agrément que certains capitaux peuvent produire, et qui sont une espèce de revenu. L’utilité qu’on retire d’une maison d’habitation et de son mobilier, est un profit que l’on recueille et que l’on consomme chaque jour. Ce revenu étant nécessairement consommé à mesure qu’il est produit, peut être aussi bien apprécié quand il sera question des consommations ; mais j’ai dû le faire remarquer ici, où il est question des profits qu’on retire des valeurs capitales.


§ III. — Quels sont les emplois de capitaux les plus avantageux pour la société.


L’emploi de capital le plus avantageux pour le capitaliste est celui qui, à sûreté égale, lui rapporte le plus gros intérêt ; mais cet emploi peut ne pas être le plus avantageux pour la société : car le capital a cette propriété, non-seulement d’avoir des revenus qui lui sont propres, mais d’être un moyen pour les terres et pour l’industrie de s’en créer un. Cela restreint le principe que ce qui est le plus productif pour le particulier, l’est aussi pour la société. Un capital prêté dans l’étranger peut bien rapporter à son propriétaire et à la nation le plus gros intérêt possible ; mais il ne sert à étendre ni les revenus des terres, ni ceux de l’industrie de la nation, comme il ferait s’il était employé dans l’intérieur.

Le capital le plus avantageusement employé pour une nation, est celui qui féconde l’industrie agricole ; celui-là provoque le pouvoir productif des terres du pays et du travail du pays. Il augmente à la fois les profits industriels et les profits fonciers.

Un capital employé avec intelligence peut fertiliser jusqu’à des rochers. On voit, dans les Cévennes, dans les Pyrénées, au pays de Vaud, des montagnes entières qui n’étaient qu’un roc décharné, et qui se sont couvertes de cultures florissantes. On a brisé des parties de ce roc avec de la poudre à canon ; des éclats de la pierre, on a construit à différentes hauteurs de petits murs qui soutiennent un peu de terre qu’on y a portée à bras d’hommes. C’est de cette façon que le dos pelé d’une montagne déserte s’est transformé en gradins riches de verdure, de fruits et d’habitans. Les capitaux qui furent les premiers employés à ces industrieuses améliorations, auraient pu rapporter à leurs propriétaires de plus gros