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DE LA DISTRIBUTION DES RICHESSES.

profits dans le commerce extérieur ; mais probablement le revenu total du canton serait resté moindre.

Par une conséquence pareille, tous les capitaux employés à tirer parti des forces productives de la nature, sont les plus avantageusement employés. Une machine ingénieuse produit plus que l’intérêt de ce qu’elle a coûté, ou bien fait jouir la société de la diminution de prix qui résulte du travail de la machine ; car la société est autant enrichie par ce qu’elle paie de moins, que par ce qu’elle gagne de plus.

L’emploi le plus productif, après celui-là, pour le pays en général, est celui des manufactures et du commerce intérieur, parce qu’il met en activité une industrie dont les profits sont gagnés dans le pays, tandis que les capitaux employés dans le commerce extérieur font gagner l’industrie et les fonds de terre de toutes les nations indistinctement.

L’emploi le moins favorable à la nation est celui des capitaux occupés au commerce de transport de l’étranger à l’étranger.

Quand une nation a de vastes capitaux, il est bon qu’elle en applique à toutes ces branches d’industrie, puisque toutes sont profitables à peu près au même degré pour les capitalistes, quoiqu’à des degrés différens pour la nation. Qu’importe aux terres hollandaises qui sont dans un état brillant d’entretien et de réparation, qui ne manquent ni de clôtures ni de débouchés ; qu’importe aux nations qui n’ont presque point de territoire, comme naguère étaient Venise, Gênes et Hambourg, qu’un grand nombre de capitaux soient engagés dans le commerce de transport ? Ils ne se dirigent vers cet emploi que parce que d’autres ne les réclament plus. Mais le même commerce, et en général tout commerce extérieur, ne saurait convenir à une nation dont l’agriculture et les fabriques languissent faute de capitaux. Le gouvernement d’une telle nation ferait une haute sottise en encourageant ces branches extérieures d’industrie ; ce serait détourner les capitaux des emplois les plus propres à grossir le revenu national. Le plus grand empire du monde, celui dont le revenu est le plus considérable, puisqu’il nourrit le plus d’habitans, la Chine, laisse faire à peu près tout son commerce extérieur aux étrangers. Sans doute, au point où elle est parvenue, elle gagnerait à étendre ses relations au-dehors ; mais elle n’en est pas moins un exemple frappant de la prospérité où l’on peut parvenir sans cela.

Il est heureux que la pente naturelle des choses entraîne les capitaux préférablement, non là où ils feraient les plus gros profits, mais où leur action est le plus profitable à la société. Les emplois qu’on préfère sont