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DE LA CONSOMMATION DES RICHESSES.

On pourrait croire seulement que si le numéraire qui circule dans un pays ne préserve ce pays d’aucune consommation, ni par conséquent d’aucune perte de richesse, celui qu’on exporte occasionne du moins une perte au pays. Nullement : l’exportation des espèces, quand elle n’est pas définitive et qu’elle doit amener des retours en marchandises, équivaut à une consommation reproductive, à une perte de valeurs qui a pour objet une reproduction de valeurs.

Lorsque l’exportation des espèces est définitive, la nation est privée d’une portion de son capital, qu’elle perdrait également par l’exportation de toute autre marchandise qui devrait n’entraîner aucun retour.

CHAPITRE III.

Des Effets de la Consommation reproductive.

Ce sont les valeurs capitales que l’on consomme reproductivement. Le premier livre de cet ouvrage a développé le mécanisme de cette consommation. Un négociant, un manufacturier, un cultivateur, achètent des matières premières[1], des services productifs, et les consomment pour en obtenir de nouveaux produits : les effets immédiats de cette consommation sont les mêmes que ceux de la consommation improductive ; elle occasionne une demande qui influe sur les prix et sur la production des objets demandés ; elle en détruit la valeur ; il n’y a de différence que dans le résultat ultérieur : elle ne satisfait à aucun besoin ; elle ne procure aucune jouissance autre que de rendre l’entrepreneur qui l’ordonne, possesseur d’un nouveau produit, dont la valeur lui rembourse les produits consommés et lui paie communément un profit.

Relativement à cette assertion que la consommation reproductive ne satisfait à aucun besoin, on pourrait, faute d’une analyse complète des faits, objecter que le salaire payé à un ouvrier, et par conséquent dépensé reproductivement, sert à sa nourriture, à son vêtement, à ses plaisirs. Il faut remarquer ici, non pas une seule consommation, mais deux. Le fa-

  1. Les matières premières, pour le manufacturier et le négociant, sont les produits qu’ils achètent pour leur donner un nouveau degré de valeur. Des toiles de coton sont des matières premières pour le fabricant de toiles peintes, et les toiles peintes elles-mêmes sont des matières premières pour le marchand qui les achète dans le dessein de les vendre ou de les expédier.