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RURALE


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ÉCONOMIE RURALE


Lothians, l’agriculture était, il y a 20 ans, la plus développée du monde, on était arrivé à créer de grandes fermes, à les louer pour 19 à 21 ans, sous la forme la mieux adaptée aux exigences de la culture. La dépression agricole a plus tard rendu la situation de ces fermiers assez difficile. On voit cependant encore des fermiers écossais émigrer en Angleterre pour louer des fermes que leurs confrères anglais ont été forcés d’aban- donner.

Une classe particulière, ce sont les agents, c’est-à-dire les administrateurs des domaines des grands propriétaires, qui sont aussi des hommes d’une grande capacité professionelle, et qui ont leur part dans le développement de l’économie nationale.

Il n’est pas question de faire des lois pour réglementer les rapports des tenanciers avec les propriétaires, comme on l’a fait en Irlande et dans une partie des Highlands écossais, où l’on a presque accordé aux fermiers une partie du droit de propriété. Même en Angleterre, on est pourtant allé jusqu’à limiter la liberté des contrats relatifs aux fermages. On l’a fait surtout en ce qui concerne les remboursements aux fermiers pour améliorations. Il y a, sous ce rapport, des coutumes spéciales dans certaines con- trées — Léonce de Lavergne et Sir James Caird en parlent —  ; mais, le plus souvent, on n’en a pas été très content. Un Agricul- tural Holdings Act de iSl’6 régla les rembour- sements, en cas de silence des parties sur ce point. Mais cette liberté des contrats rendait la loi sans grande importance. Le Ground Game Act de 1880 décida que les fermiers peuvent, sans égard pour les con- trats, tuer le « gibier du sol », c’est-à-dire les lapins et les lièvres. Enfin, V Agricultural Holdings Act de 1883 limite, dans l’Angleterre elle-même y compris le pays de Galles, la liberté des contrats  : pour certaines amé- liorations dont le fermier n’a pas encore tiré tout le profit telles que l’emploi de la chaux et de la craie, du fourrage et de l’engrais, le tenancier a, sans égard au contrat, le droit d’être remboursé  ; le drainage ne doit l’être que si le propriétaire dûment aA^erti se refuse à l’exécuter. Les améliorations permanentes des constructions de bâtiments, des planta- tions de haies, des routes, des clôtures, ne sont remboursées que s’il y a eu consentement écrit du propriétaire. La valeur des rembour- sements est fixée par arbitrage. La période avant laquelle le congé doit être signifié est augmentée  ; dans le cas où rien n’a été fixé sur ce point, de six mois à un an. En réalité, dit-on, le remboursement pour les améliora- tions est surtout payé par le nouveau fer-


mier, et, en somme, on ne trouve pas la loi très efficace.

11. Ouvriers agricoles.

Il faut admettre que la haute classe qui a gouverné l’Angleterre, la gentry avec la nobility, n’a pas fait tout ce qu’elle pouvait pour les ouvriers agricoles et les a parfois même traités assez durement. On peut s’en rapporter, par exemple, aux anciennes lois contre le vagabondage et, plus tard, à la loi de settlement ou nécessité de rester dans la paroisse pour avoir droit à l’assistance publique  ; au caractère des lois criminelles, même de celles contre les braconniers  ; à l’absence, dans l’Angleterre anglicane, de l’éducation obligatoire et gratuite des pays luthériens et même de l’Ecosse  ; au carac- tère de l’assistance des pauvres pendant plusieurs périodes  ; à la difficulté pour les ouvriers de trouver des cottages et de pe- tites terres. Même l’assistance privée, don- née ou organisée par la famille du squire et le pasteur, toute considérable qu’elle fût, a été trouvée peu conforme aux idées mo- dernes d’indépendance. A présent, tout cela est changé. L’émigration, l’attraction de l’industrie et des villes ont contribué énor- mément à émanciper l’ouvrier agricole, poor Hodge, lui aussi. Surtout des services, comme celui des chemins de fer et de la police, ont attiré la fleur de la jeunesse rurale. On a essayé d’étendre les syndicats, trades-imions, de l’industrie à l’agriculture (Joseph Arch et autres). Les associations coopératives et de prévoyance ont pénétré dans les campagnes, et non plus seulement dirigées par le pas- teur et le squire. L’instruction primaire est maintenant organisée. Dernièrement, on a cru contribuer à améliorer le sort des ou- vriers par l’introduction des conseils de jiaroisse qui ont pouvoir d’établir même des institutions de confort et d’agrément. Le manque de classe moyenne, de paysans pro- priétaires ou fermiers, contribuant, comme classe intermédiaire, à élever la classe ouvrière, s’est fait vivement sentir. D’autre part, l’ouvrier agricole est mieux payé que sur le continent, et est aussi, le plus sou- vent, plus habile. La transformation de la classe des domestiques en ouvriers à salaire plus indépendants s’est opérée aussi bien plus tût en Angleterre, — où elle était déjà presque accomplie de 1820 à 1830, — que dans les autres pays de l’Europe occidentale. Ces hommes, ploughmen, carters, herders et autres, ne sont pas encore payés — surtout dans les contrées purement agricoles du Sud — comme les ouvriers dans le Nord minier et industriel  ; mais ils sont, généralement,


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