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HAMILTitN


chasse la bonne. Cequidnnncuneiinportance très grande au commerce du change, c’est que dans les pays étrangers, d’une façon nurmalo, les monnaies dos autres pays ne valent qu’en raison de leur alliage et ne sont considérées que comme lingots.

La lui do Gresham ne s’ ;ippli([uc pas seule- ment aux relations de monnaies d’un genre unique  ; elle doit aussi s’étendre aux rapports respectifs de monnaies différentes  : or, argent, cuivre, papier. M. Stanley Jevons (V. ce nom) dans son ouvrage sur la monnaie indique un exemple curieux de la loi de (Iresham montrant la disparition du moyen d’échange le plus onéreux, et il l’emprunte à l’histoire monétaire du Japon. Le Kohang, pièce d’or pesant 200 grains, avait en 1858 cours au Japon pour 4 itzebus d’argent et valait en monnaie anglaise 18 sh. 5 p. tandis que la valeur de Vitzebus était de 1 sh. 4 p. Si


on se réfère aux valeurs relatives des métaux dans les autres parties du monde, on remar- que que les Japonais n’estimaient leur monnaied’orqu’autiirsenviron de sa valeur. Le traité de 1 8118 entre la (irande-Urelagne, le Japon et les I^tats-Unis ayant ouvert le com- merce du Japon aux négociants européens, ceux-ci achetaient le Kobany au taux du pays et triplaient ainsi leur ari^ent  ; cette source de profit ne disparut (juc lursque les Japonais eurent retiré de la circulation le reste de Tor».

Il se peut que deux monnaies dont l’une est bonne et l’autre mauvaise coexistent pendant un certain temps dans la circulation, bien que leur valeur légale soit la même. On a montré au moi moimaie dans quelles hypo- thèses la loi de Gresham cessait ainsi de s’appliquer, nous y renvoyons le lecteur. Ku. Vidal-Naquet.


H


HAMILTON (Alexandre) [17b7-1804] est probablement le plus grand des hommes d’Klat américains. Né aux Indes Occidentales, dans l’Ile de Nevis, il fut élevé à iS’ew-York. Lorsque éclata la brouille entre la mère- patrie etles coloniesaméricaines, il embrassa chaleureusement le parti de ces dernières, s’engagea dans l’armée patriote et devint en IITG aide de camp de Washington. Un dissen- timent le força à résigner ces fonctions, mais il resta dans l’armée jusqu’à la conclusion de la paix et se lit alors inscrire au barreau de New-York, où il acquit bientôt une grande réputation comme avocat. Mais c’est surtout comme homme d’État qu’il s’est acquis des titres à l’estime de la postérité en signalant les défauts de l’organisation gou- vernementale de la jeune République et en collaborant activement à l’élaboration de la constitution actuelle. Premier secrétaire de la Trésorerie de 1789 à 1795, il a été le créateur du système d’administration financière qui est encore de nos jours en vigueur aux États- Unis. Sa fin fut malheureuse  ; mêlé aux âpres querelles politiques, il fut tué en duel par Aaron Burr, personnage véreux de l’époque.

Ses titres économiques consistent dans les rapports qu’il écrivit comme secrétaire de la Trésorerie. Les plus remarquables sont  : 1° le premier rapport sur le crédit public  ; 2’^ le rapport sur l’institution d’une banque nationale, et 3° celui sur l’industrie manu-


facturière  ; les autres traitent de questions fiscales et monétaires. Les deux premiers attestent sa connaissance approfondie des principes économiques et financiers, qui ré- gissent ces matières, et montrent qu’il se rendait un compte exact des conditions de leur heureuseapplication aux exigences com- plexes de la vie pratique. Son rapport sur l’industrie manufacturière il791) est imbu des erreurs du protectionnisme  ; c’est dans ses pages qu’ont été puisés la plupart des arguments contraires au libre échange qui, de nos jours encore, sont couramment invo- qués aux États-Unis  ; il a donc une impor- tance plutôt historique que doctrinale. Ha- milton avait lu le chef-d’œuvre d’.\dam Smith, mais ne s’était pas complètement assimilé les enseignements du maître. Ses qualités furent celles d’un spécialiste habile à résoudre quelques-uns des problèmes isolés de la politique économique.

G. J. Bastable.

Bibliographie.

lUaiLTON, Complète Works. 9 vol. tVI liés par 11. C. Lodce, New- York, 18?5-6. Voir aussi ses biograpliies par H. C. LoDi.K (Boston, ISsij et par W. G. Sumner ;New-York, 1890) ainsi que L’co Rabbe.>’o. Jl Prolezionismo Americano (Milan, l$’J3) traduit en anglais sous le titre American commercial J’ûlicy (Londres, 1895), pp. 282-324.

1 . Stanley Jevons, La monnaie et le mécanisme de l’i’chanyt’, traductiou Trançaise. Félix Alcan, éditeur, in-8, l6S5(4« édit., p. 70).


HARRINGTON