Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/209

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41U! colh  ; liaiiiioiUL  ; ne soit point troublée ». A part une pointu de mercantilisme, on ne pouvait mieux dire  : l’harmonie naturelle entre toutes les brandies du travail humain est ici pleinement mise en luniière par le père de la doctrine métaphysique de l'harmonie préétiiiflie.

Mathématicien, jurisconsulte, archéologue, philosophe apte aux plus hautes spéculations, Leibnitz ne méprisait pas les exigences de la vie pratique. S’agit-il de l’érection d’une Académie Royale à Berlin, il écrit sur ce sujet un Discours français dans lequel il commence par poser en principe que « le premier fondement de la félicilé humaine est la bonne éducation de la jeunesse » et que << les ouvrages faits pour Mgr le Dauphin auraient été bien utiles si ceux qui ont eu soin de ces ouvrages se fussent attachés davantage aux sciences réelles au lieu de ne presque penser qu’aux humanités et à ce qu’on appelle les auteurs classiques »  ; sa sollicitude s’étend ensuite << aux affaires de l’économie publique et particulière et aux moyens qui font subsister les hommes en gagnant leur vie, c’est-à-dire la culture de la terre et des minières, les ouvrages et manufactures de toutes sortes d’artisans et ouvriers, le commerce et les beaux arts )>. Aucun détail n’est trop mesquin pour lui. Il va jusqu’à demander « l’introduction des seringues à boyaux (pompes à incendie), par tout le pays, même dans les petites villes » et « quant à l’eau, on pourrait souvent la divertir, en assurer les rivages et diminuer les inondations ». Dans ses Meditations et Ûbscrvatloncs, il émet encore le voeu de voir fonder des écoles professionnelles afin de mettre les jeunes apprentis à l’abri des mauvais traitements de leurs patrons et d’avancer leur entrée dans la période productive de la vie.

Dans sa correspondance avec Burnet, l’ancien chapelain de Guillaume d’Orange élevé à l’évêché de Salisbury, Leibnitz suit avec intérêt le grand travail de réfection de la monnaie qui s’effectua en Angleterre après la révolution de 1088. Il raconte à son correspondant « que le règlement des monnaies est une question qu’il a étudiée à fond. « J’ai fait tant de remarques là-dessus qu’il me serait aisé d’en faire un volume ». Il approuve les écrits de Locke et félicite le Parlement d’avoir mis à la charge du trésor public les frais de cette entreprise et la jierte résultant de l’usure et de la rognure des pièces retirées de la circulation. Pour lui la bonitas crtrin^eca des anciens légistes, autrement dit la valeur fixée par la volonté du prince est « une chimère... l’argent étant lui-même une marchandise». A la vérité, son imagination curieuse s’était sentie attirée vers l’alchimie et il estimait qu’en pareille matière — comme en fait de miracles — il fallait se garder de croire trop aisément comme de tout rejeter à la légère. Le succès lui semblait peu probable  ; toutefois il appréhendait des effets désastreux si après tout l'ars aurifica et arijcnlifii-a arrivait à porter des fruits ; les métaux précieux perdraient leurs qualités monétaires et au paysan rentrant du marché, il faudrait, non plus une bourse, mais un chariot pour emporter le prix de ses denrées [Ocdlints Chijmicus dans les Opera Philologica].

Pour l’usure, il tient que « s’il est permis de partager le gain avec ceux à qui on prête pour les faire gagner, il n’est point juste d’accabler les personnes misérables, qui empruntent pour vivre». [Lettre HI à M. Veyssiére La Croze.)

Il appelle le crédit un Organum universale politicum dans sa Denl ;schrift iibcr die politische Weltlage [Mvinoire mr la situation politique) adressée à l’empereur, tout en rappelant que l’expérience faite en France et en Angleterre établissait que pour avoir du crédit, un Etat est tenu d’inspirer et de mériter la confiance. On sait que dans son Concilium Aegyptiacum, il a invité la France à s’emparer de l’Egypte. Déjà dans ses Pennées sw la sécurité de i Allemagne (Bedenken über Securitas Publica interna et externa) jetées sur le papier au mois de juillet et d’août 1670, c’est-à-dire à une époque où l’ambition désordonnée de Louis XIV n’avait pas encore donné l’éveil à sa méfiance, il avait tracé un plan de politique générale qui, s’il avait été suivi, aurait épargné à l’Europe des torrents de sang et de larmes. L’Allemagne devait à son avis travailler à consolider, à cimenter l’union entre ses membres et s’abstenir d’entrer dans la Triple-Alliance afin de ne pas exciter la jalousie de Louis XIV et de ses partisans dans l’Empire. « L’Angleterre et le Danemark trouveraient de quoi s’occuper dans l’Amérique Septentrionale, l’Espagne dans l’Amérique du Sud, la Hollande dans les Indes Orientales. Quant à la France, la Providence divine lui a évidemment réservé le commandement des armées chrétiennes dans le Levant  ; il lui appartient de donner à la chrétienté des Godefroy de Bouillon, des Baudoin et surtout des saint Louis. Il lui incombe, sans parler de ses colonies dans les Indes Orientales et Occidentales, d’attaquer les rivages opposés de l’Afrique, d’y détruire les nids des pirates et de prendre l’Egypte. » Et comme réflexion finale, il ajoute  : « Et que de côtes étendues, inexplorées se présentent toutes sans exception