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PLACEMENT


PLACEMENT (des employés, ouvriers et domestiques .

SOMMAIRE

1. Notion et définition du placement. 2 Histoire sommaire du placement.

3. Organisation et législation actuelle du pla-

cement.

4. Projets de réforme de la législation du place-

ment.

5. Statistique du placement. Bibliographie.

1. Notion et définition du placement.

Il y a le placement du travail et le place- ment du capital. C’est du placement du travail qu’il sera traité dans cet article. Si nous sommes amené à dire quelques mots du placement du capital S ce sera uniquement pour établir entre les deux phénomènes une comparaison nécessaire.

On a beaucoup écrit sur le placement du travail, dans ces dernières années. On semble avoir, en général, très peu songé à en donner une définition précise. Le remarquable vo- lume - par lequel notre Office du travail a inauguré ses publications,en 1893, nous donne sur le placement les renseignements les plus complets qu’il soit possible de réunir au- jourd’hui, mais on n’y trouve aucune trace d’une définition ou d’un essai de définition. C’est là une lacune regrettable. Comment ob- server et étudier un phénomène quelconque, sans savoir au juste en quoi il consiste, sans le déterminer en commençant par le définir? La préface de toute publication de statistique devrait être remplie par des définitions et des classifications ’.

En prenant le mot dans son acception la plus large, nous dirons qu’il y a placement du travail, quand celui qui ofTre son travail, employé, ouvrier ou domestique, et celui qui le demande se rencontrent et se mettent d’accord. Cette rencontre et cet accord, voilà bien ce qui constitue essentiellement le pla- cement. Le placement nous apparaît ainsi sous les traits d’un contrat. C’est un contrat

1. On pourra consulter sur le Placement eu capital maint article du Dictionnaire.

2. Le volume est intitulé  : Le placement des ouvriers, employés et domestiques, in-8, 734 p.

3. Cette nécessité a été fort bien comprise par le savant chef du département du travail, au Bnard of trade, M. Gif- fen, dans la préfare qui précède le Report on ar/encies and methods for dealini/ with the unemployed, publié éga- lement en 1893. V. p. 7. et suiv., p. 12-16.


synallagmatique par lequel l’employé s’en- gage à fournir son travail pendant un temps plus ou moins long, mais nécessairement li- mité, moyennant une rémunération appelée salaire, que l’employeur s’engage à lui payer’.

Dans la langue du droit, ce contrat porte le nom de louage d’ouvrage et d’industrie, et, comme le louage en général, il se dis- tingue très nettement de la vente. C’est lui qui est visé par l’article 1779 du code civil, § 1. ainsi conçu  : « Le louage des gens de travail qui s’engagent au service de quel- qu’un ». Tout le monde admet qu’il faut faire entrer dans l’expression « gens de travail », les domestiques, les ouvriers et les employés -.

Dans la terminologie un peu flottante et vague de l’économie politique, on donne tantôt le nom de contrat de travail ou de prestation de travail, tantôt le nom de con- trat de salaire au contrat par lequel s’opère le placement. Pour la plupart des écono- mistes, ce contrat n’est rien de plus, au fond, qu’une vente. Le travail serait une marchandise comme une autre. Le salaire en serait le prix. L’assimilation sur laquelle est appuyée cette conception, l’assimilation du travail de l’homme à une marchandise quelconque, nous semble très contestable. Du moins faut-il reconnaître que le travail est une marchandise présentant des carac- tères tout à fait particuliers, que, notamment, il se perd absolument par le seul fait qu’il n’est pas employé. Sous cette réserve, toute- fois, nous admettons volontiers que le louage d’ouvrage du droit civil, que le placement peut se ramener, au point de vue écono- mique, à la vente ou plus généralement à l’échange.

Ce qui importe seulement, c’est de séparer le placement du travail de tout échange n’ayant pas rigoureusement le travail pour objet.

Selon Courcelle-SeneuiP, il y aurait un

1. Quand le placement est considéré du côté du patron on le désigne souvent sous le nom d’embaucliage. Krabaucher signifie exactoment engager un ouvrier. Embaucliage et pla- cement peuvent donc être considérés comme synonymes. On donne quelquefois, par une extension un peu abusive, le nom de placement aux opérations qui préparent et amènent le placement, aux recherches et aux démarches par esquelles soit l’ouvrier, soit un tiers agissant pour lui, s’efTorce de trouver l’emploi de son travail.

2. Vov. Les textes relatifs au louage d’ouvrage dans les Lois sociales, par Cliailley-Bert et A. Fontaine, p. 3-8.

3. Traiti  : d’économie politique, 3° édit., t. II, p. 130,


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