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Tliorold Uoj^crs prolcssait que lii reiilo est iinlopcndante des prix et {[ua dans toute iii- duslric  ; elle représente rexcédent qui de- meure (lis|ionil)le, hjrsquo tous les frais de la production, y coui[)ris li  ; prolil de l’entre- preneui- calculé au taux moyen, ontété cou- verts et remboursés. Il refuse donc d’assi- miler la rente i’oncifre à une i)rime résultant fatalement de la demande des produits a^’ri- coles et réclame l’intervention d’un facteur moral projjre à sauvegarder avant tout la rétribution des producteurs. Mais il n’était pas nécessaire, semble-t-il, de traîner Hicardo aux gémonies parce que les propriétaires fon- ciers anglais, désa  ;-’réablement surpris, n’ont pas immédiatement accepté de bonne grâce les effets de l’intluence déprimante exercée sur les prix et par conséquent sur la rente par la mise en culture d’immenses territoires demeurés vierges depuis des siècles. Hogers avait assurément raison de soutenir qu’au point de vue social, il ne faut pas sacrilier aux intérêts des propriétaires les profits de ceux qui labourent et ensemencent le sol  ; cette tiièse, il l’a défendue avec élocpience et avec passion, mais ni la passion ni l’élo- quence, fille de la passion, ne sont des guides sûrs en matière de controverse spéculative et théorique.

E. Castelot.

Bibliographie.

Voir dans les Aiinale.f éco)iomi<jues (Paris, iS’Ji) un inté- ressant travail de M . René de Laboulaye sur Thorold Hogers et SCS Théories de la propriété.

ROSCHER (fiuillaumc, fieorges, Frédéric), liis d’un magistrat hanovrien, naquit à Hanovre en 1817. Il lit sesétudes universitaires H Gœttiiigue et à Herlin où il se pénétra de l’enseignemoint de Ranke, de Gervinus et d’Uttfried Millier. Nommé en 1843 professeur extraordinaire (chargé de cours) et en 1844 professeur ordinaire (titulaire) d’histoire et de sciences politiques à (iu^ttingue, il alla en 1848 occuper la même chaire à Leipzig  ; il vécut dans cette ville jusqu’à sa mort sur- venue dans les premiers jours de juin 1804.

Roscher est le fondateur de l’école histo- rique, qui a eu une fortune si brillante en Allemagne. Dès ses débuts, il avait exposé ses idées dans son Prorjramme som- maire d’un cours de science politique d’après la méthode hif.tori’iite [Grundrisszu Yorlesungcn Hcber die Staatsuissenschaft nach geschichtlichcr Méthode) qu’il publia en 1843  ; ces idées, il les a reprises et développées dans ses Principes fundnmentauj  : de l’ Économie Nationale [Grundlagen der Nationalôkonomie), dont la première édition a paru en 1854. « La science économique {2îationalokonomik,Volks’


wirllmchaftslehre), y lisons-nous, est la science des lois suivant IcsiiuoUcs se diive- loppe la vie économi(iue des nations. Comme la science politiciue, elle doit se rattacher d’un C(U(  ; à l’étude de l’individu, de l’autre à celle de riiumanilé- prise dans son ensemble. » La vie des nations formant un tout, dont les différentes manifesta- tions sont intimement liées, quiconque veut scientifiquement se rendre comjjte de l’une d’elles, devra les connaitre toutes. Parmi ces manifestations de la vie nationale, celles qui relèvent du droit, de la politique et de l’économie forment toutefois un groupe à part et leurs domaines respectifs couvrent à peu près le même espace  ; néanmoins chacune de ces trois sciences l’envisage sous l’angle qui lui est propre. La jurisprudence nous expose la forme extérieure des activités économiques  ; la science économique nous initie à leur raison d’être intime, tant pour l’économie piibliciuc que pour l’économie privée. Toute science, qui étudie la vie des nations, cède à l’une ou à l’autre des deux tcndancessuivantes :ou bien elle se demande  : ’< Qu’est-ce qui est? » et dans ce cas elle a recours â la méthode liistorico-physiologiquc, ou bien elle se pose la question  : << Qu’est-ce qui devrait être ".’ » et alors elle suit la méthode idéaliste. En parcourant la longue série d’écrits qui ont été dictés par la ten- dance idéaliste, on ne constate que tiraille- ments, conclusions diamétralementopposées, contradictions flagrantes  ; c’est que les grands théoriciens ne sont le plus souvent que les interprètes des aspirations de leur époque. Or, il n’y a pas plus d’idéal économique universel commun à tous les peuples et à tous les temps qu’il n’y a de vêtement unique s’adaptant à tous les corps humains. En matière écono- mique, il faut donc renoncer à l’élaboration théorique d’un idéal et commencer par l’étude de l’anatomie et de la pliysiologie écono- miques. De la sorte, considérant sous leurs faces diverses les hommes, qui ne sont jamais ni tout à fait des anges, ni de purs démons, ni radicalement égoïstes, ni résolument al- truistes, on s’épargnera les controverses oiseuses des publicistes, qui s’obstinent à ne voir qu’une de ces faces, et l’on juendra d’utiles leçons de prudence, qui mettront eu garde contre le penchant présomptueux à affirmera la légère et sans preuves vérifiées. En d’autres termes, Roscher entend prendre pour base l’unique étude des réalités  ; il s’efforce de tout comprendre et veut procéder à la façon du naturaliste. Certains des ouvrages de la fin de sa carrière portent les titres significatifs d’ilistijire Naturelle du Cesarisme (1888) et d’Histoire Naturelle de la


ROSCHER