Page:Sayous - Jésus-Christ d’après Mahomet.djvu/44

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La tradition musulmane est beaucoup plus précise sur l’enseignement de Jésus, soit qu’elle imagine davantage, soit qu’elle connaisse davantage. Maçoudi a appris des chrétiens dit-il — sans doute de quelque secte judéo-chrétienne — comment son ministère a commencé : « Jésus étudia jusqu’à l’âge de trente ans dans la synagogue el-Midras. Lisant un jour ces paroles d’Ésaïe[1] : Tu es mon fils et mon essence, je t’ai élu pour moi, il ferma le livre, le remit au serviteur du temple, et sortit en disant : Maintenant la parole de Dieu s’est accomplie dans le fils de l’homme »[2]. Un auteur musulman ultérieur, résumé par Mouradgea d’Ohsson[3], donne une idée plus vraie et mieux comprise du Ministère de Jésus que ne l’a fait le Coran, tout en s’efforçant visiblement de s’écarter le moins possible de cette autorité céleste : « Jésus eut sa mission divine à l’âge de trente ans, après son baptême dans les eaux du Jourdain. Il appelle les peuples à la pénitence. Dieu lui donne la vertu d’opérer les plus grands miracles. Il guérit les lépreux, donne la vue aux aveugles, ressuscite les morts, marche sur les eaux de la mer ; sa puissance va jusqu’à animer par son souffle un oiseau fait de plâtre et de terre. (Ici l’histoire de la Table qui viendra plus loin.) Ce messie des nations prouve ainsi son apostolat par une foule de prodiges. La simplicité de son extérieur, l’humilité de sa conduite, l’austérité de sa vie, la sagesse de ses préceptes, la pureté de sa morale, sont au-dessus de l’humanité ».

D’autres rapportent des propos de Jésus, tantôt presque exacts, tantôt à moitié vrais, tantôt tout à fait imagi-

  1. Sorte de paraphrase de És. XLVII, 1.
  2. Prairies d’or, T. I, p. 122.
  3. Tableau général de l’Empire ottoman, Paris 1787, fol.