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Page:Scènes de la vie privée et publique des animaux, tome 1.djvu/125

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D’UN LIÈVRE.

Une fois dans la rue, je pris à gauche, et, en allant droit devant moi, je me trouvai je ne sais comment tout auprès des Champs-Élysées. Je ne songeai point à m’y promener, et je me hâtai de mettre entre Paris et moi la barrière. Je passai fort lestement sous l’arc de triomphe de l’Étoile. Une fois là, je ne pus m’empêcher de jeter un regard de pitié sur cette ville immense dans laquelle je jurai bien de ne plus rentrer : j’en avais trop des plaisirs de la capitale ! Dors ! m’écriai-je, dors, mauvais gîte ! dors, ô Paris ! dans tes maisons malsaines ; tu ne connaîtras jamais le bonheur de dormir à la belle étoile. Le ciel vaut bien tes plafonds ; les arbres, les plantes et les rivières meublent un peu mieux la terre que tes vilains palais et tes ruisseaux fétides !


VI


Retour aux champs. — Les Hommes ne valent rien, mais les bêtes ne valent pas d’avantage. — Un coq, habitué de la barrière du Combat, provoque notre héros. — Duel au pistolet.


J’arrivai bientôt dans un bois où ma poitrine se remplit d’un air pur ; il y avait si longtemps que je n’avais vu le ciel tout entier, qu’il me sembla le voir pour la première fois. Je trouvai que la lune avait embelli. Les étoiles brillaient là haut d’un si doux éclat, qu’elles me parurent toutes plus jolies les unes que les autres, et que je n’aurais su à