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Page:Scènes de la vie privée et publique des animaux, tome 1.djvu/126

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HISTOIRE

laquelle donner la préférence. Il n’y a de vraie poésie qu’aux champs. Si Paris était à la campagne, les Hommes eux-même s’y adouciraient.

Dès le matin, je fus réveillé par un bruit de ferraille : c’étaient deux messieurs qui se battaient à grands coups d’épée. Je crus qu’ils s’allaient tuer, mais ils finirent par se prendre bras dessus, bras dessous, quand l’appétit leur fut venu. À la bonne heure, me dis-je, voilà des gens raisonnables. Après ceux-là, il en vint d’autres qui se livrèrent avec plus ou moins de résolution au même exercice, et je vis bien que ce que j’avais pris pour un bois n’était qu’une promenade. Cela ne faisait pas mon affaire : pour moi, ce qui constitue la campagne, c’est l’absence des Hommes ; je fis donc mes adieux au bois de Boulogne, et je repris ma course. Tout près d’un village qu’on appelle Puteaux, j’aperçus un Coq. Mes yeux, las de voir des messieurs et des dames, s’arrêtèrent avec complaisance sur cet Animal.

C’était un coq de la plus belle espèce ; il était haut en jambes et se cambrait en marchant comme un Coq qui ne veut rien perdre des avantages de sa taille : il y avait dans toute sa tenue quelque chose de militaire qui me rappela les soldats français que j’avais vus souvent se presser autour de mon théâtre des Champs-Élysées.

— Par ma crête ! me dit-il tout d’un coup, il y a longtemps que vous me regardez. Pour un Lièvre, je vous trouve bien impertinent.