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MÉMOIRES

Si quelques-uns de vous veulent se donner la peine d’entrer au Muséum d’histoire naturelle, vaste collection que les Hommes ont formé pour démontrer combien ils tiennent peu de place dans la création, ils pourront y voir l’auteur de ces confessions suspendu au plancher d’une salle du rez-de-chaussée. On l’aperçut, il y a six mois, dans le bassin du commerce, au Havre, et l’on s’en empara sans difficulté, après avoir eu la sage précaution de l’assommer préalablement. Les savants, chargés d’en constater l’identité, trouvèrent sur lui, à leur grande stupéfaction, un manuscrit en caractères arabes, qui fut aussitôt expédié à un orientaliste parisien ; mais, celui-ci s’excusa de ne pouvoir le traduire, en alléguant qu’il était professeur d’arabe au Collège de France. Pendant que l’Académie des sciences préparait une dissertation sur le mystérieux ouvrage, une vieille Cigogne, qu’un incendie récent a chassé de Saint-Jean d’Acre, nous en a donné une version fidèle, et nous nous empressons de le soumettre à votre judicieuse appréciation.


« Je n’aurais jamais eu la fantaisie de rédiger mes Mémoires, si la destinée ne m’avait amené dans des climats inconnus ; mais puisque je suis à jamais éloigné de mon pays natal, que ceux qui trouveront ma dépouille