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PEINES DE CŒUR

des Chats anglais prêchaient-ils déjà les saines doctrines de la Société qui d’ailleurs étaient fondées sur les découvertes de la science. On avait anatomisé les Rats et les Souris, on avait trouvé peu de différence entre eux et les Chats : l’oppression des uns par les autres était donc contre le Droit des Bêtes, qui est plus solide encore que le Droit des Gens. « Ce sont nos frères, » dit-il. Et il fit une si belle peinture des souffrances d’un Rat pris dans la gueule d’un Chat, que je me mis à fondre en larmes.

En me voyant la dupe de ce speech, lord Puff me dit confidentiellement que l’Angleterre comptait faire un immense commerce avec les Rats et les Souris, que si les autres Chats n’en mangeaient plus, les Rats seraient à meilleur marché ; que derrière la morale anglaise, il y avait toujours quelque raison de comptoir ; et que cette alliance de la morale et du mercantilisme était la seule alliance sur laquelle comptait réellement l’Angleterre.

Puff me parut être trop grand politique pour pouvoir jamais faire un bon mari.

Un Chat campagnard (country gentleman) fit observer que, sur le continent, les Chats et les Chattes étaient sacrifiés journellement par des catholiques, surtout à Paris, aux environs des barrières (on lui criait : À la question ! ). On joignait à ces cruelles exécutions une affreuse calomnie en faisant passer ces Animaux courageux pour des lapins, mensonge et barbarie qu’il attribuait à l’ignorance de la vraie religion anglicane, qui ne permet le mensonge