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VOYAGE

vous que quelque jeune reine soit sur le point d’être mariée…

— N’entendez-vous pas, prince, dit l’Ouvrière, le bruit et les crérémonies du départ d’un peuple ? Chez nous, il n’y a pas de peuple sans reine. Si vous voulez faire la cour à l’une des filles de Tithymalia, dépêchez-vous, vous êtes assez bien de votre personne, et vous aurez une belle lune de miel.

Je fus émerveillé du spectacle qui s’offrit à mes regards et qui, certes, doit agir assez sur les imaginations vulgaires pour leur faire aimer les momeries et les superstitions qui sont l’esprit et la loi de ce gouvernement. Huit timbaliers à corselet jaune et noir sortirent en chantant de la vieille cité, que l’Ouvrière me dit se nommer Sidracha du nom de la première Abeille qui prêcha l’Ordre Social. Ces huit timbaliers furent suivis de cinquante musiciens si beaux, que vous eussiez dit des saphirs vivants. Ils exécutaient l’air de :

 
Vive Tithymalia ! vive c’te reine bonne enfant !
Qui mange et boit comme cent,
Et qui pond tout autant.


Les paroles ont été faites par tout le monde, mais l’air est dû à l’un des meilleurs Faux-Bourdons du pays. Après, venaient les gardes du corps armés d’aiguillons terribles ; ils étaient deux cents, allaient six par six, sur six rangs