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DE PISTOLET.

pas que ce soit à moi, votre Chien, d’usurper les droits de votre critique. Qu’il vous suffise de savoir qu’à ce cinquième acte, les Chiens étaient devenus des Tigres, comme cela se passe chez les bons auteurs. Le Tigre entrait à pas de Loup, le poignard à la main ; il surprenait en adultère la Tigresse avec un autre Tigre de son espèce, et je vous laisse à penser s’il les poignardait avec férocité !

Il paraît que la douce Zémire, une fois mariée, était devenue une Tigresse ; cela se voit dans les meilleurs ménages. Et puis on m’a dit que c’était une vieille histoire d’un Chien de basse-cour nommé Othello.

Après le cinquième acte, tout rempli de crimes, de meurtres, de coups de poignard, de sang répandu, la toile s’est baissée, en attendant la petite pièce, jouée par des Souris blanches et un gros Porc-Épic qui fait beaucoup rire, rien qu’à se laisser voir.

Le drame accompli, la salle entière s’est remise de son émotion. Les larmes ont été essuyées ; les Panthères ont relevé leurs petites moustaches ; les Lionnes ont passé leurs ongles roses dans leur crinière ; chacun a songé à sa voisine, le Lièvre à Jeanne la Lapine, l’Escargot au Papillon, le Ver à soie à la Femme du Hanneton, le Coucou à tous et à chacun. D’empressés Ouistitis, la queue relevée au-dessus de la tête, ont apporté à qui en voulait des noix rances, du fromage de Gruyère, des os a demi rongés, toutes sortes de friandises que l’assemblée a gri-