Aller au contenu

Page:Scènes de la vie privée et publique des animaux, tome 1.djvu/509

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
319
Mr LE DUC ET Mme LA DUCHESSE.

faible clarté des étoiles, un Hibou qui enveloppait galamment dans l’une de ses ailes une Chouette d’assez bonne apparence, tandis qu’il se drapait avec l’autre comme un héros d’opéra dans son manteau.

En prêtant un peu l’oreille, j’entendis qu’il s’agissait de la lune, de la nuit brune, etc. ; tout cela se disait ou se chantait sur un air passablement lamentable.

Pauvre lune ! s’il fallait en croire les amoureux, tu n’aurais été faite que pour eux.

Pour rien au monde je n’aurais voulu être indiscrète ni prendre une hospitalité qui ne pouvait guère, d’ailleurs, m’être refusée. Je m’adressai donc poliment à une Chauve-Souris de service qui vint à passer. — Ma bonne, lui dis-je, veuillez faire savoir à vos maîtres qu’une Corneille de cent ans leur demande l’hospitalité pour une nuit.

— Qu’appelez-vous votre bonne ? me répondit la Chauve-Souris d’un air piqué ; apprenez que je ne suis la bonne de personne. Je suis au service de madame la Duchesse, et j’ai l’honneur d’être sa première camériste. Mais qui êtes-vous, madame la Corneille de cent ans ? de quelle part venez-vous ? comment vous annoncerai-je ? quel est votre titre ?

— Mon titre ? repris-je. Mais je suis très-fatiguée, j’ai besoin de repos, et je ne sache pas qu’on en puisse trouver un meilleur pour demander ce que je demande, le droit de dormir sans aller plus loin.

— Voilà un beau titre en effet, me répliqua la sotte