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SOUVENIRS D’UNE VIEILLE CORNEILLE.

d’or qui eût fait envie à une princesse, du moment où elle ne savait que faire de tout cela ?

Vous tous, qui avez souffert comme elle, vous comprenez qu’elle songeât à la mort !


V.


— Vivre ou mourir, disait-elle, lequel des deux vaut le mieux ?

Un vieux Rat, à moitié aveugle, passait en ce moment au bas de la ruine.

— Mieux vaut mourir que rester misérable, murmurait le vieux Rat qui marchait avec peine, et qui pensait tout haut comme beaucoup de vieilles gens. — Ceux de Messieurs les Animaux domestiques qui s’étonnent de tout, s’étonneront peut-être de voir ces paroles dans la bouche d’un Rat des champs. Mais y a-t-il donc deux manières de formuler une même vérité ? Seulement à la ville et chez les Hommes la vérité se chante, ailleurs on la crie, ou on l’étouffe. —

La pauvre Lézarde était superstitieuse ; elle vit dans ces paroles que le hasard seul lui apportait, dans cette vieille rengaine de tous les vieux Rats, une réponse directe à sa question et un avertissement du ciel.

Elle pouvait encore apercevoir la queue pelée de son oracle qui traînait après lui dans la poussière, que déjà son parti était pris.