Page:Scènes de la vie privée et publique des animaux, tome 1.djvu/585

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
373
À PARIS.

comprenez pas ce système, je vais vous l’expliquer : On rassemble par trois à quatre cents groupes tous les honnêtes gens du pays en leur disant de se représenter par un d’eux. On obtient quatre cent cinquante-neuf Hommes chargés de faire la loi. Ces Hommes sont vraiment plaisants : ils croient que cette opération communique le talent, ils imaginent qu’en nommant un Homme d’un certain nom, il aura la capacité, la connaissance des affaires ; qu’enfin le mot honnête Homme est synonyme de législateur, et qu’un Mouton devient un Lion en lui disant : Sois-le. Aussi qu’arrive-t’il ? Ces quatre cent cinquante-neuf élus vont s’asseoir sur des bancs au bout d’un pont, et le roi vient leur demander de l’argent ou quelques ustensiles nécessaires à son pouvoir, comme des canons et des vaisseaux. Chacun parle alors à son tour de différentes choses, sans que personne fasse la moindre attention à ce que dit le précédent orateur. Un Homme discute sur l’Orient après quelqu’un qui a parlé sur la pêche de la Morue. La mélasse est une réplique suffisante qui ferme la bouche à qui réclame pour la littérature. Après un millier de discours semblables, le roi a tout obtenu. Seulement, pour faire croire aux quatre cents élus qu’ils ont leur parfaite indépendance, il a soin de se faire refuser de temps en temps des choses exorbitantes demandées à dessein.

« J’ai trouvé, cher et auguste père, votre portrait dans la résidence royale. Vous y êtes représenté dans votre lutte