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Page:Scève - Délie, 1862.djvu/20

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Charondas, Guillaume des Autelz, Le Fevre de la Boderie, &c., &c.

« Mais, dit Colletet, l’honneur que ſon ſiècle lui déféra poſſible juſtement, le ſiècle d’après le luy ravit, auſſi peut eſtre avec autant de juſtice ; car s’eſtant propoſé, à l’imitation des Italiens, de célébrer les beautez d’une maîtreſſe ſous le nom de Délie, non pas en ſonnets, dont l’uſage n’eſtoit pas alors introduit en France, mais par des dizains continuels, il tomba dans des ſentiments ſi ſombres & ſi obſcurs que jamais le ténébreux Lycophron ne le fut davantage ; c’eſt ce qui obligea Paſquier même, tout idolâtre qu’il eſtoit de l’ancienne poéſie, de confeſſfer, dans ſes Recherches de la France, qu’en le liſant, il eſtoit très-content de ne l’entendre puiſqu’il ne vouloit eſtre entendu ; ce que ſainct Hieroſme dit autreffois de Perſe lorſque le ſacrifiant au feu de ſa colère,


« Intellecturis ignibus ille dedit[1].


« Quant à moy je ſerois volontiers de ſon opinion, je trouve tant de rudeſſe dans ſes vers & tant d’imaginations eſpagnolles & allambiquées qui s’eſvanouiſſent

  1. « Multa quidem ſcripfi : ſed quae vitioſa putavi
        « Emendaturis ignibus ipſe dedit. »

    (Ovid. Triſt., lib. IV ; eleg. X.)