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Page:Scève - Délie, 1862.djvu/19

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On ne ſe contenta pas de louer ſes ouvrages, on alla juſqu’à lui attribuer ceux des autres. Pierre de Saint-Julien de Balleure, doyen de l’égliſe de Châlon, mort en 1593, a fait entendre dans ſes Gemelles où Pareilles, que Maurice Seve avait été d’un grand ſecours à Louiſe Labé dans la compoſition de ſon ingénieux dialogue, intitulé Débat de Folie & d’Amour. Saint-Julien n’eſt ſans doute, à cette occaſion, que l’écho d’un bruit contemporain, mais pour y ajouter foi, il faudrait ſuppoſer que Maurice eût mis au ſervice d’une autre beaucoup plus de goût, de délicateſſe & de talent qu’il n’en a montré pour ſon propre compte. Tout au plus eſt-il permis de croire qu’il a fourni à ſa belle compatriote quelques faits hiſtoriques, quelques particularités mythologiques, dont la connaiſſance dépaſſe peut-être les bornes ordinaires de l’érudition féminine. C’eſt à cette meſure que doit être réduite la part que Maurice Seve a pu prendre à une allégorie, pleine d’eſprit & de grâce, que Voltaire appelle avec raiſon, « la plus heureuſe des fables modernes. »

Guillaume Colletet, dans ſon Hifioire des Poëtes françois, manuſcrit de la Bibliothèque du Louvre, a conſacré un aſſez long article à Maurice Seve. Il ſe compoſe en grande partie de citations & d’éloges donnés à notre poète par les gens de lettres les plus diſtingués de ſon ſiècle, parmi leſquels on compte, outre Marot & Joachim du Bellay, Jacques Pelletier, Thomas Sibillet, Charles de Sainte-Marthe, Pontus de Thyard, François Habert, Euſtorge de Beaulieu, Charles Fontaine, Antoine du Saix, Louis Caron dit