Aller au contenu

Page:Scève - Délie, 1862.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
9


X.

Suaue odeur : Mais le gouſt trop amer
Trouble la paix de ma doulce penſée,
Tant peult de ſoy le delicat aymer,
Que raiſon eſt par la craincte offenſée.
Et toutesfois voyant l’Ame incenſée
Se rompre toute, ou giſt l’affection :
Lors au peril de ma perdition
I’ay eſprouué, que la paour me condamne.
Car grand beaulté en grand parfection
M’à faict gouſter Aloes eſtre Manne.

XI.

De l’Occean l’Adultaire obſtiné
N’eut point tourné vers l’Orient ſa face,
Que ſur Clytie Adonis ià cliné
Perdit le plus de ſa nayue grace.
Quoy que du tẽps tout grand oultrage face,
Les ſeches fleurs en leur odeur viuront :
Prœuue pour ceulz, qui le bien pourſuyuront
De non mourir, mais de reuiure encore.
Ses vertus donc, qui ton corps ne ſuyuront,
Dès l’Indien s’eſtendront iuſqu’au More.

XII.

Ce lyen d’or, raiz de toy mon Soleil,
Qui par le bras t’aſſeruit Ame, & Vie,
Detient ſi fort auec la veue l’œil,
Que ma penſée il t’à toute rauie,
Me demonſtrant, certes, qu’il me conuie