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Page:Scève - Délie, 1862.djvu/32

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DELIE

En admirant ſa mirable merueille,
Que preſque mort, ſa Deité m’eſueille,
En la clarté de mes deſirs funebres,
Ou plus m’allume, & plus, dont m’eſmerueille,
Elle m’abyſme en profondes tenebres.

VIII.

Ie me taiſois ſi pitoyablement,
Que ma Déeſſe ouyt plaindre mon taire.
Amour piteux vint amyablement
Remedier au commun noſtre affaire.
Veulx tu, dit il, Dame, luy ſatisfaire ?
Gaigne le toy d’vn las de tes cheueulx.
Puis qu’il te plaict, dit elle, ie le veulx.
Mais qui pourroit ta requeſte eſcondire ?
Plus font amantz pour toy, que toy pour eulx.
Moins reciproque a leurs craintif deſdire.

IX.

Non de Paphos, delices de Cypris,
Non d’Hemonie en ſon Ciel temperée :
Mais de la main trop plus digne fut pris,
Par qui me fut liberté eſperée.
Ià hors deſpoir de vie exaſperée
Ie nourriſſois mes penſées haultaines,
Quand i’apperceus entre les Mariolaines
Rougir l’OEillet : Or, dy ie, ſuis ie ſeur
De veoir en toy par ces prœuues certaines
Beaulté logée en amere doulceur,