Dom Pedre à vos côtés je viens vaincre, ou mourir.
Cher Comte, à tes côtés je suis prête à périr.
Mon fils, c'est l'ennemi qui nous perd, et nous brave.
Il le nomme son fils !
Il faut que son sang lave [870]
Notre commune offense, il faut que notre honneur
Revive dans la mort d'un lâche suborneur
Je n'ai point à choisir, il faut sauver le Comte.
Manquer à sa parole est la dernière honte.
Tu parles bas mon fils ?
Mon Père il faudrait voir. [875]
Ha je n'ai vu que trop. Apprends-moi mon devoir.
De te trahir dom Pedre, il m'eût été facile :
Quand chez moi contre moi je te servis d'asile :
Et chez toi cependant, entre ton Père et moi,
Je te vois hésiter comme un homme sans foi ? [880]
Quoi ! Mon fils, aux raisons que sa peur lui suggère,
Ton coeur prête l'oreille et la ferme à ton Père ;
Il t'a sauvé la vie, il s'en est fait honneur :
Mais il ravit le tien, l'insolent suborneur.
Vengeons, vengeons, mon fils, vengeons notre infamie. [885]
Mon Père, je lui dois ma parole, et ma vie.
Vous me l'avez donnée ; il me l'a pu ravir.
Chez lui contre moi seul, il a pu se servir