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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/262

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JODELET

Elle en a grand sujet, car vous l'aimez bien fort.

DOM FÉLIX

Je m'accommode au temps, et je cède au plus fort.

Je trouve en ma Lucie un Ange que j'adore,

Un objet qui ravit, un parti qui m'honore ; [340]

Et déjà, Jodelet, j'en serais possesseur,

Si certain Courtisan qu'on destine à sa sœur

Était déjà venu ; on l'attend d'heure en heure,

Et c'est pour mes péchés sans doute qu'il demeure.

Je ferais bien pourtant, pour agir sûrement, [345]

D'aller voir Dorothée, et là civilement

Tâcher de l'apaiser par de belles paroles.

JODELET

Vous l'apaiserez mieux avecque des pistoles.

ACTE II


Scène I

DOM DIÈGUE
ALPHONSE

DOM DIÈGUE

Je ne puis plus loger dans cette Hôtellerie,

C'est pis qu'un Hôpital, pis qu'une gueuserie, [350]

Je crois que dans l'Enfer on entend moins de bruit,

Et qu'on y passe mieux la plus mauvaise nuit.

ALPHONSE

Je suis moins délicat que vous ; mais la punaise

M'a pourtant empêché de dormir à mon aise ;

Les cousins m'ont piqué, les rats et les souris [355]

M'ont pissé sur le nez, et j'ai vu des esprits.

DOM DIÈGUE, il s'en va.

Va-t-en vite savoir où Dom Félix demeure ;

Ne pense pas tarder plus d'un demi quart d'heure,