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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/263

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Toi qui fais quelquefois en un jour six repas.

ALPHONSE

Quelque pressé qu'il soit, je ne laisserai pas [360]

De m'humecter un peu contre la sécheresse.


Scène II

JODELET
BÉATRIX
ALPHONSE

JODELET

Si le Ciel t'avait fait un peu plus pécheresse,

Que je serais heureux, t'ayant donné mon coeur !

Car hélas, malheureux ! Je suis un peu pécheur ;

Mais me mordant plus fort que pourrait mordre un singe, [365]

En me criant vilain, tu foupis tout mon linge :

Quand je te veux baiser, tu me mets tout en sang,

Que ne m'as-tu percé d'un grand couteau le flanc,

Plutôt que de m'avoir d'oeillade meurtrière,

Réduit au triste état de croire que la bière [370]

(Qu'on dit être un séjour malsain et caterreux,)

Serait à moi chétif un séjour bienheureux !

Tu sais que mes tourments sont tourments véritables,

Et que je t'aime autant que tous les mille diables.

BÉATRIX

Entendrai-je toujours tes discours d'insensé ? [375]

Va te faire panser, si tu te sens blessé ;

Je m'en plaindrai tantôt à Dom Félix ton Maître.

ALPHONSE

Dom Félix ? C'est celui que je cherche peut-être,

Je le veux accoster, Monsieur.

JODELET, arrêtant Béatrix par sa robe.

Mais à propos...

BÉATRIX, se débarassant.

Va, parle à qui te parle, et me laisse en repos. [380]

JODELET

Peste soit l'importun qui vient troubler la fête !

Que j'aurais grand plaisir à lui rompre la tête !

Mais il me le rendrait.

ALPHONSE