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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/268

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Je ne veux point ouïr les discours d'amoureux,

Ils sont en bonne foi malins et dangereux ;

Je pèche assez d'ailleurs, sans pécher par l'oreille.

À propos de pécher, votre vide-bouteille, [470]

Votre grand fainéant, votre chien de valet,

Enfin ce mal bâti, ce maudit Jodelet,

Depuis deux ou trois jours m'a prise pour une autre ;

Je l'aurais bien frotté si ce n'est qu'il est vôtre.

Il me trouve à son gré, tout ce que j'ai lui plaît ; [475]

Mais me plaît-il aussi le maussade qu'il est ?

Il m'en faut bien un autre, et d'une autre fabrique,

C'est un beau marmouset, c'est un bel as de pique,

Il pense quand la nuit il a guitarisé,

Que j'en ai tout le jour le coeur martyrisé, [480]

À la fin il verra, si vous n'y donnez ordre,

Que j'égratigne bien, et que je sais bien mordre,

Il me va tourmentant de ses affections ;

Il me va proposant des fornications,

Et pour qui me prend-il ? Ah ! Par ma foi j'enrage, [485]

Encor s'il me parlait un peu de mariage.

Dites-lui bien, Monsieur, qu'il ne soit plus si fou.

DOM FÉLIX

Va, chère Béatrix, je lui romprai le cou.

BÉATRIX

Quelques coups suffiront, et quelque réprimande.

DOM FÉLIX

Je l'étrillerai bien.

BÉATRIX

Le bon Dieu vous le rende. [490]

DOM FÉLIX

Il faut que je vous quitte, excusez un Amant.

DOM DIÈGUE

Vous reviendrez bientôt ?

DOM FÉLIX

Dans un petit moment.

BÉATRIX

Venez donc vitement, sans tant vous faire attendre,

Ma Maîtresse tantôt me dira pis que pendre.