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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/287

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Tout mon bonheur dépend aujourd'hui du secret,

Et des inventions de ton esprit discret.

Cours après Dom Diègue, il est avec Hélène, [955]

Et que ton bel esprit adroitement le mène

Devant les Jacobins, où je me trouverai :

Déguise bien ta voix.

BÉATRIX

Le mieux que je pourrai.

LUCIE

Va donc quérir mon voile, et te cache d'un autre.

BÉATRIX

Si vous changiez de robe, on connaîtra la vôtre ? [960]

LUCIE

Ma chaise empêchera, qu'on ne la puisse voir ;

Et le bon Dom Pedro, comme tu peux savoir,

Au-delà de son nez ne voit rien sans lunettes ;

Il aura grand besoin d'en avoir de bien nettes,

Pour voir clair dans l'affaire où je le vais brouiller [965]

Avecque Dom Félix : allons nous habiller ;

J'ai des Lettres à prendre au fond de ma cassette ;

Viens vite me l'ouvrir, mais surtout sois secrète.

ACTE IV


Scène I

LUCIE
BÉATRIX

BÉATRIX

En déguisant ma voix, corrompant mon langage,

Et m'acquittant enfin fort bien du personnage ; [970]

J'ai très adroitement, mais non sans quelque peur,

Accosté Dom Diègue auprès de votre soeur ;

Et puis je l'ai conduit où vous deviez vous rendre,

Ce qui s'en est suivi, vous pouvez me l'apprendre.