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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/289

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Et pour remercier votre Époux prétendu,

Supplier le bon Dieu, qu'il soit bientôt pendu ;

Vraiment il nous jouait un tour de galant homme,

Mais il devait avoir sa dispense de Rome.

Au reste gardez-vous de le plus regarder. [1015]

C'est un esprit malin dont il se faut garder.


Scène III

LUCIE
DOM PEDRO

LUCIE

Qu'avez-vous donc, Monsieur, qui vous met en colère ?

DOM PEDRO

J'ai les ressentiments que doit avoir un Père

Qui pense être pourvu d'un gendre homme de bien.

LUCIE

Quoi, notre Dom Félix ?

DOM PEDRO

Dom Félix ne vaut rien, [1020]

Je suis donc allé voir tantôt sa Dorothée,

Que pour vous affronter il avait apostée ;

Elle a joué son jeu comme il a désiré,

Et l'a joué si bien, que même j'ai pleuré

Quand j'ai vu quelques pleurs couler sur son visage : [1025]

Enfin, je croirais bien que cette fille est sage,

Qu'entre elle et Dom Félix il ne s'est rien passé,

Dont Dieu ni le prochain en puisse être offensé :

Mais le drôle qu'il est, nous donnait bien le change :

Écoutez je vous prie une malice étrange. [1030]

Comme je revenais de lui fort satisfait,

(Et j'en avais assez de sujet en effet ;)

Certaine Dame en chaise, et la face voilée,

M'a dit en peu de mots, d'une vois désolée ;

Monsieur, on vous affronte aussi bien comme moi, [1035]

Et Dom Félix ne peut, sans violer sa foi,

Contracter, moi vivante, un second mariage :

Deux enfants en pourront porter bien témoignage