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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/299

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dire :

Je ne l'eusse pas cru.

DOM PEDRO, en s'en allant

Allons, allons en rire,

Le péril est passé, rentrons dans la maison, [1225]

Pour moi j'excuse tout, fors une trahison.

DOM FÉLIX

Mais vous dites, Monsieur, qu'une autre Dorothée,

(Il faut bien que ce soit quelque bonne effrontée,)

Vous a mis en la main la Lettre que je tiens,

De laquelle il est vrai, le caractère est mien : [1230]

Mais je ne l'ai jamais écrite à pas une autre,

Qu'à Madame Lucie.

LUCIE

Oui, cette Lettre est nôtre :

Et puisque Dom Diègue est un traître, un trompeur,

Je veux bien confesser qu'il régnait en mon coeur,

Et que pour empêcher mon prochain mariage, [1235]

J'ai fait la Dorothée, et fait ce personnage,

Avec un tel succès, que mon Père irrité,

Vous a, quoique innocent, un peu bien maltraité.

La Lettre vient de vous, c'est moi qui l'ai donnée,

Mais que ne fait-on point, quand on est forcenée ? [1240]

Je confesse l'avoir été pour ce trompeur,

Jusqu'au point d'hasarder ma vie et mon honneur.

Mais bientôt un couvent, où mon remords me voue,

Vous doit venger assez d'un crime que j'avoue.

DOM FÉLIX

Tout le mal vient de moi, j'en demande pardon ; [1245]

Je suis indigne d'elle.

DOM PEDRO

Ah ! Vous êtes trop bon.

Et vous, une autre fois soyez mieux conseillée,

Et profitez d'avoir été si déréglée.

Parlant à Dom Félix.

Pour moi, si j'ai mal fait, j'étais circonvenu ;

Mais on guérit bientôt quand le mal est connu. [1250]


Scène VII