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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/39

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Blanche.

Ha Lizette !

Lizette.

Ha Lizette !Ha madame ! à quelle destinée
Vous réduit votre pére avec son hyménée !
Avoit-il de bons yeux quand il vous a choisi
Ce marquis campagnard, fantasque en cramoisi ?

Blanche.

Ha ! ne m’en parle point qu’avec respect, Lizette,
Je te l’ai déjà dit, encor qu’il me maltraite.
Quelques cruels tourmens qu’il me fasse endurer,
Il ne m’est pas permis même d’en murmurer.
Fais vîtement sortir ce cavalier. Je tremble
Que quelqu’un du logis ne vous rencontre ensemble ;
Dis-lui que je l’estime autant que je le doi,
Et que de l’action qu’il a faite pour moi,
La mémoire en mon cœur par le devoir tracée,
Par la longueur du tems ne peut être effacée ;
Et que je n’aurois pas refusé de le voir,
Si je l’avois pu faire et suivre mon devoir.

Lizette.

On va bientôt souper. Tous nos gens vont et viennent,
Et ceux de ce marquis tous les passages tiennent,
Je crois qu’ils sont payés pour en user ainsi :
Mais je prendrai mon tems, et pour vous, hors d’ici,
Allez dans votre chambre, et cependant Lizette
Tirera le captif de sa noire cachette.


ACTE III


Scène I.

LIZETTE, DOM SANCHE.
Lizette.

Les valets du marquis à leur maître fidelles,
Avoient si bien par-tout placé leurs sentinelles,