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Scène II.

FOUCARAL, LE COMMANDEUR, D. ALVARE, LÉONORE.
foucaral.

Monseigneur dom Japhet, des hommes le plus rare,
Et le plus fou qui soit d’Angleterre au Japon,
M’envoie ici savoir, si vous trouverez bon
Que sa digne personne, et sa fine folie,
Viennent chasser d’ici toute mélancolie ?

le commandeur.

Quel est donc ce Japhet que je ne connois point ?

d. alvare.

Japhet ? c’est la folie en chausse et en pourpoint.
L’empereur en vertu de son extravagance,
En a fait en deux ans un homme d’importance,
Et d’un gueux mort de faim, un fou très-opulent.

foucaral.

Il s’est mis dans la tête un amour violent
Pour un ange d’Orgas, madame Léonore,
Votre niéce, monsieur.

d. alvare.

                                       Je le croyois encore
Auprès de l’empereur.

foucaral.

                                         Son bon tems est passé,
Et l’empereur enfin s’en est, dit-on, lassé ;
Maintenant dans Orgas, fou qu’il est, il espére
Qu’il obtiendra de vous, et de Monsieur son pére
Madame Léonore, et je ne pense pas
Qu’il soit encor long-tems sans venir sur mes pas :
Tant sa présomption incessamment le presse
De venir s’étaler aux pieds de sa maîtresse,