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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/464

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d. japhet.

                                       Oui, ma belle,
Je la vais retirer, cette divine échelle,
Par qui j’ai pu monter à votre firmament.

léonore.

Je viens vous retrouver dans un petit moment,
Je m’en vais m’informer si mon oncle sommeille.

d. japhet.

Je crains autant que vous que ce vieillard s’éveille.
Allez donc, ma Diane, allez voir ce qu’il fait,
Et revenez trouver le bienheureux Japhet.

léonore.

Je ne reviendrai point, qu’après être assurée
Qu’il dorme d’un sommeil profond et de durée :
S’il alloit découvrir ce que je fais pour vous,
Ce seroit fait de moi.

d. japhet.

                                       Ce seroit fait de nous.
Ces assignations, ces balcons, ces échelles
Aboutissent souvent en blessures mortelles.
Me voilà pris en cage ainsi qu’un perroquet,
Je commence à trembler pour mon dessein coquet.
Ô des amans furtifs déesse ténébreuse !
Si tu fais réussir l’entreprise amoureuse,
Je t’offre en sacrifice un, deux ou trois lirons ;
Et deux gros chats-huants : déesse des larrons,
De ton obscurité redouble un peu la dose,
Et rends bien assoupi le vieillard qui repose ;
Prête-moi ta faveur à me bien divertir,
Car j’en ai grand besoin, pour ne te point mentir.
J’entends quelque rumeur, le ciel me soit en aide !