Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/465

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Scène V.

DOM ALVARE, LE COMMANDEUR, RODRIGUE, et autres.
d. alvare.

Amorce le fusil.

d. japhet.

                                        Je suis mort sans reméde.

d. alvare.

Ou je me trompe fort, ou je vois un voleur
Qui va par le balcon voler le commandeur :
Qu’on lui mette d’abord du plomb dans la cervelle.

d. japhet.

, messieurs ! suspendez la sentence mortelle :
Je ne suis point voleur, je ne suis seulement
Qu’homme à bonne fortune, ou bien fidéle amant ;
De plus, on m’a battu bien fort depuis une heure :
Si frais battu, messieurs, est-il juste qu’on meure ?

d. alvare.

À grands coups de cailloux qu’on le fasse baisser.

d. japhet.

Cailloux à moi ! bon dieu ! ce seroit me blesser ;
Un grand seigneur blessé ne vaut pas le moindre homme.

d. alvare.

Ce n’est qu’un discoureur, vîte qu’on me l’assomme.

rodrigue.

Tirerai-je ?

d. alvare.

                    Oui, tirez.

d. japhet.

                                            Tout beau, ne tirez pas,
Je ne vaux rien tiré.

d. alvare.

                              Jette-toi donc en bas.