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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/480

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d. alfonse.

Elle pourroit sans-doute en une autre saison,
Se plaindre de son fils avec juste raison ;
Je devois épouser sa niéce, elle étoit belle,
Je pouvois espérer de grands biens avec elle ;
Mais peut-on éviter la volonté des cieux ?
Et peut-on s’exempter du pouvoir de deux yeux ?
Pouvois-je deviner qu’en allant à Séville,
J’entrerois dans les fers d’une divine fille ?
Et suis-je, dans les fers où les beaux yeux m’ont mis,
En l’état de tenir ce que j’avois promis ?


Scène V.

FOUCARAL, LE COMMANDEUR, D. ALFONSE, et tous les autres.
foucaral.

Messieurs, or écoutez le malheur effroyable,
Qui vient d’assassiner dom Japhet misérable.

le commandeur.

Le taureau l’a-t-il maltraité ?

foucaral.

                                                  Vous l’avez dit.
Il s’est mis sur les rangs aussi vaillant qu’un Cid.
Un taureau mal-appris qui l’a vu dans la place,
A pris aversion pour sa tragique face,
Et l’a suivi long-tems, les cornes dans les reins ;
Le vaillant champion, sans songer à ses mains,
Voyant que le taureau le poursuivoit si vîte,
A de la selle en bas bientôt changé de gîte.
L’impertinent taureau le voyant piéton,
Est allé droit à lui sans craindre son bâton ;
Et le brave Japhet, voyant ses grandes cornes,
S’est présenté trois fois pour transgresser les bornes.
Le peuple mal-courtois, a dit, nescio vos ;
Cependant l’animal a pris son homme à dos ;