Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/487

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Je m’en vais épouser l’infante Ahihua,
Qui va me réjouir comme un alléluia :
Et vous son cher galant, jadis mon secretaire,
Vous m’avez fait du bien, en me pensant mal faire,
Je vous sais fort bon gré de m’avoir supplanté ;
Coquettes et cocus ont grande affinité ;
Coquettes avec coquet ne trouve pas son compte,
Et coquet de coquette a toujours de la honte.
Vous avez bien joué le Roc Zurducaci,
Vous en êtes content, et je le suis aussi.
Et vous, le commandeur, qui me l’aviez promise,
Un grand fourbe est gîté dedans votre chemise ;
Certains petits discours parvenus jusqu’à moi,
Me font beaucoup douter de votre bonne foi ;
Vos fréquens complimens, votre renifflerie,
L’affaire du balcon et la mousquetterie,
Tout cela contre vous fait un procès-verbal,
Qui vous condamne d’être à jamais animal ;
Si ce n’est qu’un Japhet doit mépriser l’offense,
César est son parent, malheur à qui l’offense ;
Je pars pour aller voir un ange du Pérou.

le commandeur.

Il faut savoir avant et comment et par où.
Un ordre m’est venu de César qu’on doit suivre,
Quatre mille ducats dans huit jours on me livre,
Que l’on doit employer à faire votre train.

d. japhet.

Tout de bon ?

le commandeur.

                             Vous verrez l’ordre écrit de sa main :
Cependant, monseigneur, votre noble présence
Prendra part, s’il lui plaît, à la réjouissance.

d. japhet.

Je suis donc votre avis, et ne m’en irai pas,
Foucaral, fais venir mon bagage d’Orgas.

foucaral.

Il est déjà venu sans mulets ni charrette,
J’ai tout dans un chausson au fond de ma pochette.